L'Homme qui délaisse la quête du savoir religieux est coupable d'un crime contre sa propre personne, il est à l'image de la feuille qui virvolte au gré des vents, ne sachant où prendre racine...



23 novembre 2010

* Les Quatre Califes __________

LES QUATRE CALIFES


Hassan Amdouni/ Editions Al Qalam


SYNTHESE DU LIVRE EN 30 PAGES :



Avant toute chose, il est important de rappeler que le « Khilâfa » ou « Al Imâm » ou encore « Amir El Mouminin » désignent tous la fonction de présidence de l’état et ont pour devoir de succèder à la prophétie dans la sauvegarde de la religion ainsi que de se vouer aux affaires quotidiennes se rapportant à la vie des gens. Elle a été considérée comme obligatoire par l’unanimité des savants. Le calife doit être le garant du respect de la Loi Islamique.
Quant au but de l’exécutif, il consiste au rétablissement de la justice et à l’élimination de toute forme d’injustice ainsi que la mise en place d’une communauté qui reconnaisse l’existence de Dieu, lui rendant grâce et se soumettant à Ses directives.
La responsabilité du calife est donc des plus grandes qui soit car il est responsable devant Dieu, avant tout autre personne, de toute la vie de la communauté.

- Période des califes bien guidés :
Durant cette période de l’histoire, le fonctionnement de l’appareil de l’état ainsi que la désignation du calife s’effectuait par consultation (Ach Choura). Le calife ne pouvait pas s’investir de son propre vouloir et était assujetti à l’allégeance. A contrario, dans une monarchie, on ne tient pas compte de l’avis du peuple et l’investiture est héréditaire.
Intéressons nous à présent au premier des quatre califes bien guidés en la personne d’Abou Bakr As Siddîq (‘Atîq)...

1. Abou Bakr As Siddîq :
Son nom est Abou Bakr ‘Abd Allah Ibn Abî Qouhâfa ‘Othmân Ibn ‘Âmir Ibn ‘Amr Ibn Ka’b Ibn Sa’d Ibn Taym Ibn Mourra Ibn Ka’b Ibn Lou’ay Ibn Ghâlib Al Qorâychi At Taymi.
Son lignage rejoint celui du prophète dans un ancêtre commun à savoir Mourra Ibn Ka’b. Ses parents étaient tout deux issus de la tribu des « Bânou Taym » et lui prodiguèrent une bonne éducation.
Son père s’appelait ‘Othmân connu sous le nom d’Abou Qouhâfa et sa mère, Salma, était connue sous le nom d’Oum Al Khayr.
Abou Bakr est né à la Mecque deux ou trois années après l’évènement de l’éléphant soit en l’an 572-573 ap. J-C. Il faisait parti de ceux que l’on consulte pour les affaires graves touchant à la sécurité de la tribu.
Il était un homme bon, intègre qui évita l’alcool, même avant l’avènement de l’Islam et l’expliquait en ces termes « parce que je voulais préserver mon honneur et sauvegarder ma réputation, car celui qui consomme de l’alcool ne fait attention ni à son honneur, ni à sa dignité ».

a) Ses traits physiques :
- Teint clair, maigre, pas de larges épaules, cheveux abondants, front dégagé, yeux enfoncés dans leurs orbites, dos légèrement courbé, pieds fin, taille plutôt moyenne et apparence agréable.

b) Ses épouses et ses enfants :
Avant l’Islam, il épousa :
- Qoutayla Bint Sa’d qui lui donna ‘AbdAllah et Asmâ
- Oumm Roumân qui lui donna ‘Abd Ar Rahmân et ‘Aicha

Après sa conversion, il épousa :
- Hâbiba bint Khârija Ibn Zâyd Ibn Abî Zouhâyr Al Khazraji qui lui donna Oumm Koulthoum
- Asmâ Bint ‘Oumâys : qui lui donna Mohammed

c) Sa conversion à l’Islam :
Aussitôt que le prophète annonça sa mission, Abou Bakr fut le premier à y répondre et à y adhérer et devint par là même le premier homme Musulman de la communauté de Mohammed ainsi que le premier à prier derrière lui.
Abou Bakr a toujours été aux cotés du prophète et a participé à toutes les batailles qui ont opposé les Musulmans aux mécréants.
Le messager d’Allah l’a choisi comme unique compagnon lors de son émigration de la Mecque vers Médine [Coran : S09 V40]. Il a délaissé les siens pour la cause de Dieu et a dépensé toute sa fortune au service de l’Islam. Il racheta plusieurs esclaves Musulmans et les libéra du joug de l’esclavage et de la torture. Dieu dit à son sujet [Coran : S92 V17 à 21].
Le prophète a dit : « Il n’y a pas de bien qui n’ont été plus utiles (pour défendre la cause de Dieu) que l’argent d’Abou Bakr»
Abou Bakr pleura alors et dit : «  O messager de Dieu, moi et mon argent sommes pour toi ». Il faut savoir qu’au moment de sa conversion, sa fortune était estimée à 40 000 dinars et il en dépensa la totalité.
Par ailleurs, de nombreuses persécutions eurent lieu à l’encontre des Musulmans et sous le conseil avisé du prophète, ils émigrèrent en Abyssinie où se trouvait un roi juste du nom de Négus qui les accueilli et les honora.
Abou Bakr fut également contraint de quitter son pays et prit le chemin du Yémen, il rencontra alors Ibn Ad Doughounna, allié militaire des Qorâyches, qui se proposa de lui offrir sa protection. Abou Bakr retourna donc à la Mecque et les Qorâychites exigèrent d’Ibn Ad Doughounna qu’il l’empêche de réciter le Coran en publique mais il continua et dit : « Je n’ai plus besoin de ta protection, Dieu me suffit ».
Ces persécutions envers les Musulmans durèrent trois années et c’est dans ce contexte qu’eut lieu l’évènement du voyage nocturne [Coran : S17 V01] au cours duquel le prophète fut transporté de la Mecque à la mosquée d’Al Aqsâ puis il fit une ascension vers les cieux et vit les prophètes, il reçut également la prescription des prières quotidiennes.
Lorsque le prophète en informa les Qorâychites, ils se moquèrent de lui, mais jamais Abou Bakr, lui qui fut certain de la véracité de Mohamed. Il acquit en ce jour le surnom d’ « As Siddiq » (le Véridique).

- L’émigration du prophète  :
Elle eut lieu le 12 Rabi’ Al Awwâl soit en 622 ap. J-C, ce fut Abou Bakr qui l’accompagna ce qui était un grand honneur et il en fut du reste très heureux. Il montra au cours de ce voyage un attachement unique en son genre envers la personne du messager d’Allah et faisait tout ce qu’il pouvait pour veiller à sa sécurité, lui qui avait emporté tout ce qui lui restait d'argent soit 5000 ou 6000 Dirhams.

- Participation d’Abou Bakr dans les batailles :
La première expédition fut celle d’Al Awba’, douze mois après l’émigration à Médine. Le prophète fit 19 ghazwas sans compter celle de la prise de la Mecque. Abou Bakr prit part à toutes ces batailles et fit preuve d’un courage à toute épreuve. Pendant la bataille de Badr, le fils d’Abou Bakr qui n’était pas encore du nombre des convertis prit part aux combats du cotés des mécréants et confiera bien plus tard à son père qu’il fut à la portée de son épée à deux reprises mais que son amour pour lui l’empêcha de le tuer. Abou Bakr répondit alors à son fils que si il avait eu pareille occasion, il n'aurait pas hésité à l'abattre, ce qui démontre, une fois de plus, la fidélité totale de celui qui deviendra le Premier Calife.
Par ailleurs, pendant les pourparlers qui aboutirent au traité d’Al Houdâybiyya (an 6 de l’Hégire), Abou Bakr était présent et fit preuve d’une grande fermeté.

- Mérite d’Abou bakr et de sa science :

Il fut très réputé pour son savoir et il avait une grande connaissance du Livre de Dieu. A tel point qu’il est arrivé au prophète de désigner Abou Bakr pour diriger la prière. Il avait en effet mémorisé la totalité du Coran et était l’un des plus savants dans la Sunna du prophète, car il fut son compagnon du début de sa mission jusqu’à sa mort.

Dans le Coran, plusieurs versets se réfèrent directement à Abou Bakr, c’est dire combien il est méritant en voici d’ailleurs de plus amples détails :

- [S09 V40] : Tout les Musulmans s’accordent à dire qu’il s’agit bien d’Abou Bakr.
- [S91 V5-7] : Ibn Mas’oud a dit qu’il s’agit d’Abou Bakr lorsqu’il racheta Bilâl.
- [S91 V04] : Versets se rapportant aux œuvres divergentes d’Abou Bakr et de son père.
- [S91 V18] : D’après ‘AbdAllah Ibn Az Zoubâyr, il est question d’Abou Bakr.
- [S39 V33] : « Et celui qui y crut » renvoie à Abou Bakr d’après ‘Ali.
- [S46 V15-16] : Ibn ‘Abbâs a dit que ce verset fut révélé au sujet d’Abou bakr.

d) L’élection d’Abou bakr :

Tout d’abord, il y eut de nombreux indices qui désignaient Abou Bakr comme successeur naturel du prophète, en effet, il le désigna à de multiples occasions pour diriger la prière et le nomma également pour guider les Musulmans dans l’accomplissement des rites au premier pèlerinage, lorsqu'ils eurent repris la Mecque aux mécréants de Qorâych en l’an 8 de l’Hégire.
De plus, le messager d’Allah a dit : « 11 califes me succèderont, quant à Abou Bakr, il restera peu de temps » et lors de sa maladie il dit aussi : « fermez toutes les portes des maisons privées qui donnent sur l’intérieur de la Mosquée et ne laissez parmi elles que la porte d’Abou Bakr ».
D'autre part, une femme vint se présenter au prophète qui lui pria de revenir plus tard et cette dernière de lui demander : « Et si je ne te trouvais plus en vie ? » ce à quoi il répondit : « Si tu ne me trouvais plus, adresse-toi à Abou Bakr ».
On avait également demandé à ‘Aicha : « si le prophète avait pu désigner quelqu’un à sa succession, qui aurait-il pu choisir ? » et elle répondit « Cela aurait été Abou Bakr ».
Ces évènements démontrent bien la prééminence d’Abou Bakr sur l’ensemble des compagnons.
A ce propos, l’imâm Eschâfi’ia dit : « Toute la communauté était unanime quant à l’accession d’Abou Bakr au califat ».
D’autre part, la mort du prophète fut un terrible choc au point que ‘Omar menaça toute personne prétendant que le prophète était mort. Mais Abou Bakr fit bien comprendre que Mohammed était un mortel en disant : « O peuple ! Que ceux d’entre vous qui adoraient Mohammed sachent que Mohammed est mort ; Quant à ceux qui adorent Dieu, qu’ils sachent que Dieu est vivant et ne meurt pas » puis il récita [Coran : S03 V144].
Concernant son élection à proprement dite, ‘Ali et Zoubâyr étaient restés chez Fatima quant aux Ansârs, ils s’étaient réunis à Saqîfa des Bânou Sâ’ida tandis que les Mouhaâjiroun s’étaient ralliés à Abou Bakr et furent rassemblés autour de lui. C’est ainsi qu’ils se rendirent tous auprès des Ansârs…
Une fois arrivé, Abou Bakr prit la parole et dit : « Tout ce que vous avez dit sur vos mérites (à vous les Ansârs ) est juste, cependant, tout le monde est unanime pour reconnaître que la direction (des Musulmans) revient aux gens de Qorâych ; et quant à moi, je choisis pour vous l’un de ces deux hommes : ‘Omar Ibn Al Khattab ou Abou ‘Oubâyda Ibn Al Jarrah ! ».
‘Omar Ibn Al Khattâb  répondit alors qu’il préférait qu’on lui coupe la tête plutôt que d’accepter pareille décision alors qu’Abou Bakr se trouve parmi eux.
C’est alors qu’un homme des Ansars proposa de désigner deux califes, un parmi les Ansars et l’autre parmi les Mouhâjirins et le ton monta. Alors, Bâchir Ibn Sa’d se leva et prêta serment à Abou Bakr. Les Mouhâjirouns firent de même et les Ansars suivirent tous sauf Sa’d Ibn ‘Oubâda, ‘Ali et les Bânou Hâchim qui étaient occupés à préparer les funérailles du prophète.

- 1er sermon d’Abou Bakr :

Le lendemain, Abou Bakr tint une assemblée générale avec les Musulmans dans la Mosquée. ‘Omar se leva et pria la communauté de prêter serment d’allégeance et ce fut la « Bay’a publique ».
Abou Bakr dit « Obéissez moi aussi longtemps que j’obéirais à Dieu et aux directives de Son messager ; mais si je désobéi à Dieu, vous ne me devrez plus aucune obéissance. Levez vous pour la prière ! Que Dieu vous bénisse ! ».
Il expliquera qu’il fut choisi sans l’avoir souhaité et qu’il n’est qu’un simple homme pareil aux autres. Il demanda aux gens de surveiller son comportement et de le suivre dans le droit chemin et de le corriger s’il s’en éloigne.

e) L’œuvre d’Abou Bakr :

Avant sa mort, le prophète avait décidé d’envoyer Ousâma Ibn Zâyd à la tête d’une armée pour punir les tribus Arabes situées aux confins de la Syrie et qui avaient soutenus les Byzantins lors de la bataille de Mou’ta. Cependant, il tomba malade et l’expédition fut suspendue. Aussi, Abou Bakr voulut achever cette entreprise et ce fut sa première décision. Mais voila qu’au même moment, certaines tribus converties à l’Islam et dont la foi fut vacillante, commencèrent à remettre en cause certains préceptes religieux bien établis tels que la Zâkât, quant à d’autres, ils prétendirent même être prophètes à l'exemple de Toulâyha Al Asdî, Al Aswâd Al ‘Ansî, Mousâylima Al Kâthâb (le menteur) ou encore Sajâh le Tamimite.

Devant ces comportements inadmissibles, Abou Bakr se rendit à l’évidence qu’il lui fallait diriger l’état de manière ferme et il entreprit l’envoi de l’expédition de Ousâma Ibn Zâyd que le prophète avait auparavant choisi, et lorsque certains montrèrent des réticences au vu de son jeune âge (18 ans), Abou Bakr se fâcha car ce fut avant tout la décision du messager d’Allah.

Il voulut également combattre ce sentiment illégitime qui prévalait déjà à l’époque pré-Islamique et qui voulait que l’estime des gens s’opère en fonction de leur âge et de leur statut social. En effet, Ousâma fut le fils d’un esclave affranchi…

L’expédition pris donc son départ trois semaines après la mort du prophète et ce fut un succès grâce à Dieu. Ainsi, Abou Bakr, lancera les Musulmans dans une série de batailles contre les apostats et les imposteurs. Ces guerres seront appelés « Houroub Ar Ridda[1] ».

Abou Bakr forma alors 12 bataillons et désigna à leur tête un émir par bataillon dont :
- Khalid Ibn Al Wâlid  qui fut envoyé à Bouzâkha combattre Toulâyla Ibn Kouwâylid Al Asdi.
- Ikrama qui fut envoyé combattre Mousâylima le menteur.
- Chourahbîl Hasana qui partit en renfort auprès d’Ikrama puis se dirigea vers Qouda’a.
- Al  Mouhâjir Ibn Abî Oumâyya qui a été envoyé au Yémen pour combattre Al Aswâd Al ‘Ansi.
- Houdâyfa Ibn Mihsân qui fut envoyé au gens de Dabâ à ‘Omân….

Mousâlima était un être très rusé, il avait prétendu être le partenaire du prophète dans la prophétie et son peuple le suivi. Après la mort du messager d’Allah, il saisit l’occasion et forma une armée qu’il unifia à l’armée d’une Chrétienne du nom de Sajâh et qui s’était proclamée prophétesse. Il l’a courtisa en vue de bénéficier du nombre considérable que formait son armée et il put donc compter sur 40 000 hommes au total.
Au départ, Abou Bakr envoya Ikrama en lui demandant d’attendre les renforts de Chourahbîl mais celui-ci s’empressa dans la bataille ce qui conduisit à la déroute des Musulmans. Khalid Ibn Al Wâlid fut donc appelé en renfort avec son armée et de nombreux compagnons tombèrent en martyrs tels que Mâlik Ibn ‘Amr, Yâzid Ibn Qays, Abou Doujâna, Sammâq Ibn Harb ainsi que 70 compagnons parmi les plus éminents Hâfiths du Noble Coran
Khalid Ibn Al Wâlid arriva cependant à changer de tactique et à vaincre l’armée de Mousâylima qui fut tué par Wâhchi de la lance même qu’il utilisa contre l’oncle du prophète avant sa conversion à l’Islam. Par la suite, Khalid Ibn Al Wâlid anéantira le mouvement de Toulayha Al Asdi à Najd qui avait prétendu recevoir la visite de l’ange Gabriel. Puis, il se dirigea vers les Bânou ‘Amir qui se refusèrent à payer la Zâkât à l’image de Mâlik Ibn Nouwâyra qui fut tué. De là, il se rendit chez les Bânou Tamimq, auprès desquels se trouvait Sajâh (la Chrétienne) qu’il battit précédemment et qui se convertie à l’Islam.
Il est évident de constater que ces guerres d’apostasie furent déclenchée avec l’aide et sous l’égide des deux supers puissances de l’époque : Byzance et la Perse dont les intérêts économiques avaient été ébranlés. Ils furent d’ailleurs refoulés d’Arabie à l’instar des tribus Juives et des hypocrites que l’on chassa de Médine.
Toutes ces guerres eurent un point positif, celui d’enraciner l’esprit de solidarité entre les Musulmans et de redonner toute sa signification au respect de l’ordre et permettre enfin de relier toute l’Arabie au centre de l’autorité morale et politique de l’Etat Islamique.
Ces batailles seront également le fer de lance d’un mouvement de propagation du message Divin vers la Perse, l’Iraq et le Proche Orient.

- Les « Foutouhâts » sous la direction du calife Abou Bakr :
Elles ont pour objectif de propager au reste du monde le message Islamique qui est universel car il en va d’une responsabilité collective, qui incombe à chaque Musulman. Cela permettait également de contrer le danger majeur que représentent les deux puissances de l’époque que nous avons précédemment cité.

- Fâthoul‘Iraq (l’ouverture de l’Iraq) :
En l’an 12 de l’Hégire[2], Abou Bakr donna l’ordre à Khalid Ibn Al Wâlid et son armée de se diriger vers l’Iraq où il fut rejoint par Al Mouthannâ Ibn Hâritha Ach Châybâni et Mad’oûn Ibn ‘Adî Al ‘Ijli.
Hourmouz était quant à lui à la tête des Perses d’Obolla et fut tué lors d’un combat singulier l’opposant à Khalid Ibn Al Wâlid qui s’empara entre autres des villes de Bassorah, Hira, Sawâd et d’Al Anbar…A cette époque, la situation de l’armée Perse fut catastrophique ce qui fut très favorable à l’armée Musulmane. L’Irak désormais prise, Khalid Ibn Al Wâlid envoya ses émissaires et ses agents dans toutes les contrées pour leur soumettre la Loi de Dieu et faire régner la justice entre les habitants.

- Fâthouch Châm (l’ouverture du Proche Orient) :
Après le front Perse, il fut ordonné à notre valeureux Khâlid Ibn Al Wâlid de se diriger vers le Châm où les Musulmans se préparaient à affronter les Byzantins à Yarmouk.
Selon Ibn Kâthir, l’armée Byzantine formait quelque 100 000  hommes tandis que la version d’At Tabarî en dénombre 240 000. Les Musulmans, eux, comptaient dans leurs rangs entre 40 000  et 46 000 hommes.
Alors que la bataille était sur le point de commencer, parvint un courrier annonçant la mort du Calife Abou Bakr et la désignation de ‘Omar pour le substituer ajouté à la destitution de Khalid au commandement général de l’armée au profit de ‘Oubâyda Ibn Al Jarrah. Khalid Ibn Al Wâlid ordonna alors de ne pas divulguer le contenu du message afin de ne pas entamer l’enthousiasme des Musulmans alors qu’ils s’apprêtaient à combattre. C’est ainsi que les Byzantins subirent une cuisante défaite et qu' une fois rentré, Khalid remit le commandement à ‘Oubâyda.
Cette décision émergea alors que l’on constatait un peu partout que les gens commençaient à nourrir une fascination envers Khalid et ‘Omar voulut donc l’en préserver et nommer quelqu’un d’autre.

- Les réalisations d’Abou Bakr :
Abou Bakr travaillait comme commerçant pour subvenir aux besoins de sa famille tout en s’occupant de la direction de l’Etat. Cette tâche était tellement prenante, qu’il décida de se libérer de son métier et se consacrer uniquement à son rôle majeur. On lui donna un salaire annuel évalué entre 2500 et 6000 dirhams par Ibn Sa’d dans « At Tabaqât [3] ». Abou Bakr les remboursera en vendant son verger avant de mourir.
- Il fut le premier à avoir mis sur pied le « Trésor de l’Etat » (Bâytoul Mâl). Le calife avait alors installé une serrure et dépensait pour le bien des Musulmans jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. On estime d’ailleurs qu’environ 200 000 dirhams avaient transité par Bâytoul Mâl.
- Il avait aussi scindé les régions Musulmanes en plusieurs parties et mit à chacune de leur tête, un émir, compagnon du prophète payé par le trésor de l’état.
- Au niveau administratif, Abou Bakr disposait de secrétaires qui inscrivaient ses ordres et ses directives. Pour ses cachets, il avait une bague où il était inscrit « Ni’ma Al Qadirou Allahou[4] ».
- Lors de la prise de décisions majeures, Abou Bakr recourait systématiquement à la Choura[5].
- Il faut également savoir que les Musulmans étaient tous des volontaires et ne furent jamais enrôlés de force.
- Abou Bakr prit la décision d’assembler le Coran suite aux différentes batailles que les Musulmans menèrent face aux imposteurs et à leurs alliés. De ce fait, il y eut beaucoup de martyrs parmi les Qouras (les mémorisateurs du Coran) et il fallut donc préserver la révélation.
Rappelons que le texte sacré fut préservé par écriture et mémorisation. Le prophète recevait la révélation par fragments et avait officiellement chargé ses scribes de prendre note de tous les versets révélés en leur indiquant à chaque fois la place qu’ils occupent. Les scribes de la révélation furent Zâyd Ibn Thâbit, ‘Abd Allah Ibn Mas’oud, ‘Abd Allah Ibn Az Zoubâyr, Oubâyy Ibn Ka’b, ‘Ali Ibn Abi Tâlib, Thâbit Ibn Qays…
Abou Bakr nomma donc Zâyd Ibn Thâbit pour se charger de rassembler les textes qui étaient rédigés sur plusieurs fragments et sur divers matériaux. Il s’adressa également aux différents compagnons qui avaient mémorisé intégralement le Coran puis il remit les feuillets à Abou Bakr qui les conserva jusqu’à sa mort. Ces mêmes feuillets furent ensuite conservés chez Hafsa, fille de ‘Omar et épouse du prophète.
C’est d’ailleurs Abou Bakr qui fut le premier à appeler la copie du Coran  « Moushaf ».

f) La mort de Abou Bakr :
At Tabari[6] rapporte qu’Abou Bakr avait été invité à un repas par l’un des principaux chefs de la communauté Juive de Khaybar. On lui servit alors du riz dont il prit une bouchée. Au même moment, Al Hârith Ibn Khalada[7] s’écria qu’il y avait du poison dans le plat et Abou Bakr en recracha  ce qu’il put.
Il tomba malade un lundi 7 du mois de Joumâdâ et mourut quinze jours après. Alors qu’il agonisait, il se couvrit le visage et dit à sa fille ‘Aicha : « Ne soit pas dans cet état mais récite plutôt : [Coran : S50 V19] ».
Abou Bakr dit ensuite : « Prenez ces deux habits, lavez les, et utilisez les pour mon linceul, car les vivants ont plus besoin du neuf que le mort ! ».
Par la suite, les gens lui demandèrent de désigner un successeur et il choisit ‘Omar Ibn Al Khattab. Il sortit voir les Musulmans, appuyé contre sa femme Asmâ Bint Oumâys et leur demanda si ils avaient accepté son choix; ils répondirent « Nous avons entendu et nous obéirons ».
Ensuite, Abou Bakr convoqua ‘Omar en privé afin de le conseiller puis il mourut le 22 du mois de Jumâdâ à l’âge de 63 ans. Sa femme Asmâ bint ‘Oumâys et son fils ‘Abd Ar Rahmân se chargèrent du lavage rituel de son corps.
Il fut enterré aux coté du prophète dans la chambre personnelle du messager de Dieu. ‘Omar, Talha et ‘Abder Rahmân descendirent dans la tombe et y placèrent le corps.
- Son califat dura 2 ans, 3 mois et 8 jours.

2. ‘Omar Ibn Al Khattab  :

- Il est ‘Omar Ibn Al Khattab Ibn Noufayl Ibn ‘Abdel ‘Ouzzâ Ibn Rabâh Ibn ‘Abd Allah Ibn Qourt Ibn Razâh Ibn ‘Adi Ibn Ka’b Ibn Lou’ây Ibn Ghâlib Al Qourichi Al ‘Adwi.
An Nâwâwi[8] rapporte qu’il est né 13 années après l’évènement de l’éléphant soit en 569-570 ap. J-C.
- Son père, Al Khattab était un des chefs les plus redouté et respecté malgré qu’il ne fut pas un riche notable.
- Sa mère était Hintima bint Hâchim Ibn Al Moughira des « Bânou Makhzoum ».
- ‘Omar était surnommé Abou Hafs (père du lionceau) par le prophète.
- Dans sa jeunesse ‘Omar s’était occupé à faire paître le bétail de son père et de ses tantes paternelles et il s’adonna au commerce.

Il n’avait pas de richesses abondantes mais il était fière et inspirait le respect. Il était réputé pour sa souplesse physique et avait participé aux tournois de lutte qui se tenaient dans le souk de ‘Oukâz. En outre, il faisait aussi parti de cette élite de personnes sachant lire et écrire.

a) Ses traits physiques :
Il fut grand, la peau claire et le visage d’un teint rosé, chauve sur le sommet de la tête et avait une couronne de cheveux blancs. Il était gaucher ou ambidextre. Sa voie était puissante et sonore.

b) Ses épouses et ses enfants :
Avant l’Islam, il épousa :
- Zâynab Bint Madh’oun qui lui donna ‘AbdAllah, ‘Abd Ar Rahmân et Hafsa.
- Oumm Khoultoum Bint Jarwal qui lui donna ‘Oubâydallah et Zâyd Al Asghar.
Après sa conversion, il épousa :
- Qariba bint Abou Oumâyya qu’il quitta.
- Oum Hâkim Bint Al Hârith Ibn Hâchim qui lui donna Fatima.
- ‘Atika Bint Zâyd Ibn ‘Amr Ibn Noufâyl qui lui donna ‘Iyâd.
- D’une « mère d’enfant[9] », il eut ‘Abd Ar Rahmân Al Awsat.
- D’une autre mère d’enfant, il eut ‘Abder Rahmân Al Asghar.
- Oum Khoultoum Bint ‘Ali Ibn Abi Talib qui lui donna Rouqayya et Zâyd Al Akbar.
- Une mère d’enfant du nom de Fâkiha lui donna une fille appelée Zâynab.
‘Omar était un homme très jaloux et à la réputation dur mais il cachait une nature clémente et généreuse.

c) Sa conversion à l’Islam :
Avant sa conversion, ‘Omar était un polythéiste et un buveur de vin. Au fur et à mesure que le temps donna à l’Islam une progression constante, cela le rendit fou de rage jusqu’à envisager de tuer le prophète.
Un jour, dissimulé derrière les rideaux de la Ka’ba, il se mit à espionner le messager d’Allah qui récitait la sourate « El Haqq » ce qui le troubla énormément. En effet, alors qu’à l’écoute des versets sacrés il se mit à penser que Mohammed était un poète, arriva au même moment le verset confirmant qu’il n’était pas un poète, puis aussitôt qu’il se dit qu’il s’agissait d’un devin, le prophète récitait le verset confirmant qu’il n’en était pas un. Ainsi, c’est comme si le messager d’Allah répondit aux interrogations de ‘Omar par le biais du Saint Coran.
Après cet évènement marquant, on lui apprit que sa propre sœur s’était convertie à l’Islam. Fou de rage, il se rendit chez elle et la gifla puis s’installa sur un divan. Il aperçut alors un feuillet qu’il voulut saisir mais sa sœur l’interdit d'y toucher tant qu’il ne se purifiait pas mais ce dernier insista pour le voir. A la lecture des versets Coranique qu’il comportait, ceux de la Sourate 57 versets 1 et 7-8, il décida de se convertir ce qui fut un grand évènement.
Il faut savoir que le prophète avait invoqué en sa faveur alors qu’il pria Dieu en ces termes : « Seigneur, honore l’Islam par l’adhésion de l’un de ces deux hommes : ‘Amr Ibn Hichâm ou ‘Omar Ibn Al Khattab ».
‘Omar demanda alors où se trouvait le prophète et alla le rejoindre puis il se mit à réciter la profession de foi devant lui. La conversion de ‘Omar ne fut pas anodine, elle permit entre autre aux Musulmans de déclarer ouvertement leurs croyances et de prier à la Ka’ba ce qu’il ne purent faire auparavant.
Lorsqu’il se convertit, ‘Omar était alors âgé de 26 ans, soit 6 années après le début de la révélation et 3 jours après la conversion de Hamza Ibn ‘Abd Al Mouttalib.
Il fut surnommé « Al Fârouq », celui par lequel Dieu à séparé la vérité du mensonge. Son dévouement au service de l’Islam sera total, il tenait à informer un maximum de personnes de sa conversion et subit des persécutions en retour. Lors de l’émigration secrète des Musulmans vers Médine, ‘Omar fut le seul à déclarer son départ.
Il éprouvait un amour sans limite envers la personne du messager d’Allah et le suivait partout, y compris dans toutes les batailles. ‘Omar alla même jusqu’à tuer son oncle Al ‘As Ibn Hichâm Ibn Al Moughira pendant la bataille de Badr.
A la bataille de Khaybar, il fut désigné pour porter l’étendard des Musulmans et à celle de Hounâyn, il fut l’un des dix compagnons à être restés auprès du prophète de Dieu.
D’ailleurs, le messager d’Allah dit à son sujet : « De toute ma communauté, c’est ‘Omar qui est le plus ferme pour ce qui est de respecter les ordres de Dieu » et « Je vous assure que je vois les diables qu’ils soient de l’espèce des djinns ou de l’espèce humaine, prendre la fuite devant ‘Omar » mais aussi « Celui là est la clef de voûte qui vous protège de la désunion. Tant qu’il sera parmi vous, il sera comme une porte bien fermée devant toute division » ou encore « Celui qui déteste ‘Omar me déteste certes, et celui qui l’aime, m’aime ».
Ibn Mas’oûd a dit : « Si l’on mettait la science de ‘Omar sur le plateau d’une balance, et si l’on mettait sur l’autre plateau la science de tous les vivants, le plateau contenant la science de ‘Omar serait le plus lourd ».
Aussi, le prophète ainsi que tout les compagnons attestent des qualités supérieurs de ‘Omar et de sa supériorité.
De plus, il n’est pas toujours très connu que ‘Omar Ibn Al Khattab avait pris des postures que le Coran corrobora par la suite. En effet, il dira « Mon opinion a concordée avec mon Seigneur à trois reprises » :
- Lorsqu’il a suggéré au messager de Dieu de prendre la station d’Ibrahim comme lieu de prière [Coran : S02 V125].
- En suggérant au prophète d’ordonner à ses épouses de porter le voile et de se soustraire à la vue des hommes, qu’ils soient pieux ou vicieux [Coran : S33 V59].
- Lorsque les épouses du prophète firent montre d’une jalousie excessive et que cela l’ennuya, alors Allah révéla [Coran : S66 V05].
On rapporte qu’il y  eut exactement 21 occasions où ‘Omar avait concordé avec la volonté de son Seigneur. Par exemple, lorsque ‘Abdellah Ibn Oubâyy mourut, on avait convoqué le prophète pour qu’il préside la prière funéraire et ‘Omar s’interposa  et Allah révéla [Coran : S09 V84].
Par ailleurs, ‘Omar incita le prophète à sortir combattre les mécréants de Qorâych lors de la bataille de Badr et la révélation confirma cette initiative [Coran : S08 V05]. D’autre part, lorsque ‘Aicha fut injustement accusée d’adultère, ‘Omar dit au prophète qu’il ne pouvait s'agir que d’un mensonge, ce qui fut également confirmé par la révélation [Coran : S24 V16].
C’est ainsi que le prophète dit un jour : « Dieu a fait en sorte que la vérité s’exprime par la langue et le cœur de ‘Omar ».

- Sa science :
Il était un homme cultivé qui savait lire et écrire et qui aimait la poésie et apprendre des vers ainsi que les sciences touchant à la géographie et à l’astronomie. Il recommandait aux Musulmans de s’instruire et ‘Abd Allah Ibn Mas’oud disait de lui « Nous considérons que ‘Omar Ibn Al Khattab avait acquis à lui tout seul les 9/10ème du savoir ».


d) L’élection de ‘Omar :
Comme nous l’avons vu précédemment, Abou Bakr avait consulté l’ensemble de ses compagnons en leur demandant ce qu’ils pensaient de ‘Omar pour sa succession. Après cette consultation, il confirma donc sa décision par écrit et ‘Omar fut proclamé calife le lendemain de sa mort soit le mardi 22 du mois de Joumâdâ 2 de l’an 13 de l’Hégire.
‘Omar commença alors par un sermon sur le Minbar, posé sur la 1ère marche[10], en demandant à Allah qu’Il allège la sévérité qui était la sienne. En effet, les gens s’étaient plaint de l'austérité de ‘Omar et de sa rudesse, ce à quoi il répondit qu’il ne sera sévère qu’avec les injustes et qu’il garantira paix et sérénité aux justes puis il dit : « Je serais plus indulgent envers eux qu’ils ne pourraient l’être envers eux-mêmes ».
Ce fut la première fois que le titre d’ « Amir Al Mouminin » fut utilisé pour désigner le chef des Musulmans et par conséquent ‘Omar Ibn Al Khattab.

- La direction de l’état : 
Dans toutes ses décisions, ‘Omar se basait sur la Choura et il lui arrivait même de revenir sur ses décisions. Il avait également mis en place un conseil de consultation réunissant les plus illustres compagnons du prophète dont Al ‘Abbâs et son fils ‘Abd Allah Ibn ‘Abbâs, respectivement oncle et cousin du messager d’Allah, ainsi que ‘Othmân Ibn ‘Affân, ‘Ali Ibn Abi Tâlib, ou encore ‘Abd Ar Rahmân Ibn ‘Awf.

e) L’œuvre de ‘Omar :
Les Foutouhâts allaient prendre une grande ampleur sous le califat de ‘Omar : Il veilla avant tout à réaliser l’unité territoriale, politique et religieuse de toute l’Arabie. Il abolit également toute forme d’esclavagisme entre les Arabes rachetant ainsi la liberté de tout ceux qui furent esclaves, il déplaça la population Chrétienne de Najrâne vers l’Iraq ainsi que ce qui restait des Juifs de Khaybar (en Syrie) en leur accordant des territoires de même superficie ainsi que des dédommagements matériels, dans le souci de ne léser personne.
Ses qualités en tant que chef furent décisives et l’Etat Islamique sous l’autorité de ‘Omar dépassait les frontières du pays des Afghans et de la Mer Caspienne du Nord, de la ville de Banga à l’ouest et la Numidie au Sud. Ces foutouhâts ouvrirent les portes de l’Iraq et de la Perse et d’une grande partie du Châm ainsi que de l’Egypte, de la Lybie et de la Numidie.

Il y eut 3 combats d’une importance capitale :
- La bataille de Qâdisiyya qui permit l’ouverture de l’Iraq et d’Al Ahwzz.
- La bataille de Babylone qui permit l’ouverture de l’Egypte et de la Lybie.
- La bataille de Nihâwand qui permit l’ouverture de toute la Perse.

Cette grande entreprise fut réalisée en dix années de l’an 13 à l’an 23 de l’Hégire.

- Fâthoul ‘Iraq :
Cette fois ci, il s’agissait de combattre les Perses, bien que les Musulmans aient eu à subir une défaite dans la bataille d‘ « Al Jisr » (le pont), ‘Omar appela à la mobilisation collective pour renforcer l’armée d’Al Mouthannâ dans la bataille d’Al Bouwâyb, qui porta un coup décisif aux autorités de l’empire Perse. Ainsi, les combats qui s’en suivirent furent décisifs et éclatants de gloire pour les Musulmans.

- La bataille d’Al Qâdisiyya :
‘Omar Ibn Al Khattab nomma Sa’d Ibn Abi Waqqas à la tête de l’armée Musulmane, il était âgé de 40 ans et quitta Médine avec 4000 hommes. Cette expédition avait pour objectif de consolider les rangs des Musulmans  et à leur tête, Al Mouthannâ, qui attendait des renforts. Le nombre de volontaires ne cessa d’augmenter jusqu’à ce que Sa’d soit à la tête de 35 000 Hommes dont :
- 2000 Yéménites, 2000 hommes du Nâjd, 1000 Roubbâys, 3000 Tamimites, 3000 Bânous Asad, 6000 de la tribu de Bakr Wâ’il, 2000 des différents clans de la tribu de Rabi’a, 4000 Hommes selectionnés après que Khalid eut laissé Al Mouthannâ seul en terre d’Iraq, 4000 Hommes qui formaient le restant de son armée à la suite de la bataille d’Al Jisr, 2000 Yéménites de Boujayla et 2000 Hommes de Qoudâ’a et de Tay’.
Al Mouthannâ mourut avant même qu’ils n’arrivent en Iraq, au mois de Safar de l’an 14 de l’Hégire[11]. Il succomba des blessures qu’il reçut pendant la bataille d’Al Jisr. Il fut un chef exemplaire, un combattant exceptionnel au courage extraordinaire. Son dernier conseil fut de transmettre à Sa’d qu’il ne fallait jamais combattre les Perses à l’intérieur de leur territoire mais plutôt aux frontières.
Roustam, le chef de l’armée Perse, se mit en mouvement avec son armée de 150 000 Hommes[12] et une multitude d' éléphants. Cette bataille s’achèvera par la lourde défaite de l’armée Perse. Quant aux pertes Musulmanes, elles s’élevaient à 2500 hommes le jour d’ « Al Hain », et 6000 hommes le jour d’ «Al Qâdisiyya» . Du coté des Perses, il y eut quelques
100 000 pertes.
L’armée Perse qui prit le dessus sur l’empire Byzantin, s’est vue perdre face à une armée Musulmane de 35 000 Hommes mal équipés.
Plus tard, après deux mois de repos, les Musulmans investirent Babylone, Baharsir, Al Madâ’in, Al Ahwaz, Ramahourmouz, Souss, Tastar et Nihâwand. Ils continuèrent et ouvrirent Ispahan, l’Azerbaïdjan, le Khouzistan, A Rayy, Al Bab, Le Khourassan, Tawwaj, Fassa, Hamadhân, Dar Boujroud, Sijistan, Makran…
Pendant toutes ces batailles, ‘Omar Ibn Al Khtattab donna toutes les directives stratégiques et les régions à occuper et il fut d’une aide inestimable.

- Fathou Châm :
Le calife ‘Omar disait de Damas : « Elle est la forteresse du Châm et la capitale du royaume des Romains ».
Peu à peu, les villes tombèrent entre les mains des Musulmans, en effet, Fahl, Hins, Mard, Aroun, Qinnasrin et Ajnâdayn furent conquises. Puis, ils ouvrirent Jérusalem où l’on assura aux Juifs et aux Chrétiens la paix et la sécurité pour leurs vies et leurs biens. C’est ainsi que ‘Omar reçut les clefs de la ville.
Par la suite, ‘Amr Ibn ‘As a convaincu ‘Omar Ibn Al Khattab de la nécessité  de l’ouverture de l’Egypte.

Alors, ‘Omar mit en place et organisa l’armée en y instituant une hiérarchie :

Les bataillons Musulmans étaient composés de 3 grands bataillons :
- Un en Iraq, l’autre au Châm et le troisième en Egypte. 
Chaque chef de bataillon avait sous son commandement des chefs de division.
Par ailleurs, ‘Omar mis sur pied le Conseil de Guerre composé d’illustres compagnons, lui qui avait beaucoup de compassion et d’amour pour ses soldats. Il ordonna également la construction de villes tels que Koufa et Bassra ou encore Al Mawsil (Moussoul) et les actions urbanistiques abondaient dans le monde Musulman.
Lorsque la superficie de l’Etat Islamique fut élargie, notamment après les Foutouhâts d’Iraq, du Châm et d’Egypte, ‘Omar décida alors de diviser les terres d’Islam en provinces et à chacune fut désigné un Wâli[13].

- La Perse comportait 3 provinces :
- Al Ahwâz et le Bahraïn
- Sijistan, Makran, Kerman et Toubroustan
- Khourassa

- L’Iraq comportait 2 provinces :
- Koufa
- Bassorah

- Le Châm comportait 3 provinces :
- Hims (Homs)
- Dimaschq (Damas)
- La palestine qui constituait une seule province

L’Egypte comportait :
- La Haute Egypte
- La Basse Egypte
- Les Régions situées à l’ouest et le désert de Lybie

‘Omar Ibn Al Khattab était très scrupuleux en ce qui concerne le choix de ses gouverneurs qu’il voulait droits, obéissants et justes. A titre d’exemple, lorsqu’il apprit que l’un d’entre eux avait élu domicile dans une colline, difficile d’accès, il ordonna qu’il change de résidence afin que les Musulmans puissent venir le voir sans difficulté.
Un jour, Un Copte d’Egypte avait fait une course contre le fils de ‘Amr Ibn Al ‘As et l’avait remporté, ce qui rendit le fils de ‘Amr furieux. Ainsi ce dernier fouetta et emprisonna le Copte en justifiant cette punition par le fait qu’il fut de meilleur rang que lui. Une fois que le Copte parvint à s’échapper de sa prison, il alla voir le calife ‘Omar pour lui expliquer la situation et ce qu’il dut subir. C’est alors que ‘Omar ordonna qu’on fasse venir le fils de ‘Amr ainsi que son père et permit au copte de se faire justice par lui-même en lui remettant un fouet et c’est à ce moment que ‘Omar adressa une parole désormais très célèbre : « depuis quand vous octroyez vous le droit d’asservir les gens alors que leur mère les ont mis au monde libre ! ».
Par ailleurs, le calife abolit l’esclavage en Arabie  et organisa des réunions annuelles lors du Hadj et dont l’objectif fut de recevoir les comptes rendus des différents gouverneurs des régions et de les confronter à la population lors de litiges éventuels.
Il mit également en place un service de contrôle des richesses des gouverneurs. L’organisation des services de l’Etat poussera ‘Omar à convoquer les plus éminents compagnons du prophèteet à les questionner pour trouver des solutions aux problèmes rencontrés. On lui conseilla d’installer des « Diwân[14]» à l’instar des Byzantins.

- Le calife ‘Omar mit donc sur place les services suivants :

- L’administration judiciaire et le contrôle des marchés et des mœurs : « Diwân El Qada »
- Le service de recensements et de statistiques : « Diwân El Ihsa »
- Le cadastre tout en marquant une nette distinction avec la Zâkât : « Diwân El Kharaj »
- Politique agricole
- Correspondance entre l’autorité centrale et les pouvoirs locaux : « Diwân El Bârid »
- Service de l’armée et des pensions de l’armée[15] : « Diwân Al Jund »
- Service des dons : « Diwân El ‘Ata »
- Service d’aide d’urgence aux nécessiteux : « Diwân Ad Dakîk »
- Mise en place de la maison de la frappe de la monnaie qui éditait les pièces
- Mise en place d’une « Jiziya[16] » faible et malléable, calculée en fonction des revenus de chacun
- Construction de garnisons

D’autre part, le calife réorganisa « Baâyt El Mâl » (le Trésor) en nommant un trésorier et en élaborant un système fiscale fixe dans le cadre de la loi révélée.
Une politique sociale fut également instaurée et se révéla d’une grande utilité pour tous, le règne de ‘Omar fut connu et reconnu comme étant le règne de la justice et de l’équité. Il fut très scrupuleux sur les rentrées et sorties d’argent et ne s’octroyait pour lui-même qu’un salaire annuel de 6000 Dirhams sans ne jamais l’augmenter comme le fit d’ailleurs Abou Bakr.
Il attribua une pension prélevée dans le trésor publique destinée aux personnes âgées ainsi qu’aux nécessiteux parmi les non musulmans.
‘Omar chargea également le trésor de payer le traitement des juristes, des imâms desservant dans les mosquées, les donations, le coût des constructions ainsi que les allocations familiales[17] qui furent même versées aux orphelins…

En l’an 17 de l’Hégire[18], apparut une sécheresse qui frappa l’Arabie et ce fut l’année dite « des cendres ». Les gens n’avaient même plus de quoi manger et ‘Omar jura de ne rien manger à base de viande et de lait aussi longtemps que les Musulmans et leurs enfants ne trouvent de quoi se nourrir. Il ne se mit à ne manger que du pain et de l’Huile à tel point que sa peau devint jaunâtre et il en fut ainsi pendant neuf mois consécutifs. Son engagement auprès de sa communauté fut total et il se sentait réellement responsable du sort des Musulmans.

- Le Système judiciaire :

‘Omar Ibn Al Khattab nomma des « Cadi » (Juges) pour arbitrer et trancher dans les litiges. Ce fut d’ailleurs la première fois qu’il y eut une nette séparation entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif de calife.
Le prophète évoqua la grave responsabilité qui pèse sur le juge en disant : « Sur trois juges, deux vont en enfer et un seul au paradis ».
Ibn Taymiyya commenta sur le même sujet : « Etre nommé juge, c’est être assassiné sans qu’il n’y ait besoin d’un poignard ».
Pour ces raisons, ‘Omar était très scrupuleux quant au choix des juges et c’est pour cela qu’il nomma Zâyd, Abou Ad Darda à Médine, Abou Moussa Al Ach’Ari à Bassora, ‘Othmân Ibn Abi Al ‘As As Sahmi en Egypte, ‘Abd  Allah Ibn Mas’oud à Koufa et Chourayh Al Irâqi également à Koufa où il put exercer pendant 75 ans.
Dans le même temps, ‘Omar s’adonnait à de véritable patrouilles nocturnes qu’il fit pour s’assurer que personne n’était dans le besoin. Il avait une peur viscérale de ne pas satisfaire aux besoins de la communauté et ceci prouve, une fois de plus, à quel point il fut investi dans la lourde tâche qui lui incombait.

f) La mort de ‘Omar Ibn Al Khattab :
Il faut savoir que ‘Omar fut assassiné par un captif Persan du nom de Fayrouz que l’on surnommait « Lou’Lou’a » et qui le tua lâchement alors qu’il dirigeait la prière. Toutefois, cet évenement n’empêcha pas ‘Omar, agonisant, d’avoir la présence d’esprit  de désigner  ‘Abd Ar Rahmân Ibn ‘Awf pour qu’il continu de mener la prière à sa place.
Et lorsque ‘Omar  sut qui l’eut agressé, il dit « Béni soit le Seigneur Qui a fait que mon assassin ne soit pas un Musulman, je sais que les Arabes n’auraient jamais pensé à me tuer ».
Il est mort le 26 du mois de Dhoul Hijja de l’an 23 de l’Hégire[19] à l’âge de 63 ans, son califat dura 10 ans et 6 mois.

3. ‘Othmân Ibn ‘Affân  :

- Son nom est ‘Othmân Ibn Abi Al ‘As Ibn Oumâyya Ibn ‘Abd Chams Ibn ‘Abd Manâf Ibn Qousay Ibn Kilâb Ibn Mourra Ibn Lou’ay Ibn Ghâbib Al Qourachi Al Makki.
- Il a un ancêtre commun avec le prophète en la personne de ‘Abd Manâf.
- Il naquit à Tâ’if en l’an 6 après l’événement de l’éléphant aux environ de l’an 576 ap. J-C.
- Sa mère était Arwâ Bint Kourayz Ibn Rabi’a Ibn Habb Ibn ‘Abd Chams Ibn ‘Abd Manaf.
- Sa grand-mère était une des tantes du prophète.
- Il fut surnommé Dhou Al Nourâyn[20] car nul autre homme que lui dans l’histoire ne connut l’honneur d’épouser deux filles issues d’un Prophète.

a) Ses traits physiques :

Il était un très bel homme, de taille moyenne, la peau lisse et blanche ou brune selon une autre version, sa barbe était épaisse et il la teignait, ses cheveux furent abondants jusqu’aux lobes de l’oreille malgré une calvitie, il avait de larges épaules, les bras longs et poilus ainsi que de gros mollets. Ses dents étaient maintenues avec de l’or.

b) Ses épouses et ses enfants :
- Rouqayya fille du prophète qui lui donna ‘Abd Allah qui mourut à l’âge de 4 ans.
- Par la suite, Rouqayya mourut et ‘Othmân se maria avec Oum Koulthoum, l’autre fille du prophète qui ne lui donna pas d’enfant et qui décéda à son tour.
- Fakhita Bint Ghazwân Ibn Jâbir qui lui donna ‘Abd Allah Al Asghar.
- Oumm ‘Amr bint Joundoub qui lui donna ‘Amr, Khalid, Ouban, ‘Omar, Maryam.
- Fatima bint Al walid Ibn ‘Abd Chams qui lui donna Al Wâlid, Sa’îd, Oumm Sa’îd.
- Oumm Al Bânin[21] bint ‘Ouyayna qui lui donna ‘Abd Al Mâlik.
- Ramla Bint Chayba Ibn Rabi’a qui lui donna ‘Aicha, Oumm Abân, Oumm ‘Amr.
- Nayla Bint Al Fourâfisa qui lui donna Maryam.

Il est à préciser qu’en mourant, ‘Othmân laissa quatre épouses derrière lui…

c) Sa conversion à l’Islam :

Il fut le 5ème ou le 6ème à se convertir. Il était alors âgé de plus de 30 ans lorsqu’Abou Bakr l’invita à embrasser l’Islam, ce qu’il fit aussitôt après avoir écouté parler le prophète.
Peu de temps après, le messager d’Allah lui donna sa fille Rouqayya en mariage. ‘Othmân s’était alors attiré les foudres de sa famille et de ses compagnons qui l’eurent rejetté en apprenant son ralliement à Mohammed. Son oncle entreprit même de l’enchaîner et de le torturer ce qui n’eut aucun effet sur lui; il le libéra donc sachant qu’il ne pouvait plus rien faire contre la détermination de ‘Othmân. C’est dans ce contexte que ‘Othmân demanda au prophète d’émigrer en Abyssinie.

- L’Emigration de ‘Othmân :

Le premier à émigrer en Abyssinie fut ‘Othmân accompagné de son épouse. Les Qorâychites utilisèrent le subterfuge qui consista à propager la fausse rumeur que les Mecquois s’étaient finalement convertis à l’Islam afin d’espérer le retour des Musulmans à la Mecque. En l’apprenant, ‘Othmân ainsi que d’autres Musulmans firent demi tour et ce fut là la seconde émigration.

- Les mérites de ‘Othmân :

‘Othmân Ibn ‘Affân fut très proche du prophète et fut l’un de ses confidents. Aussi, il fit preuve d’une sincérité exemplaire en participant à toute les batailles qui ont opposé les Musulmans aux mécréants exceptée celle de Badr durant laquelle il dut rester au chevet de Rouqayya qui fut gravement malade au point de succomber.
‘Othmân fit preuve d’une grande générosité au service de l’Islam, il racheta à un juif le puits de Ma’ouna et équipa l’armée Musulmane lors de la bataille de Tabouk. Il remit également au prophète la somme de 10 000 dinars et fournit 950 chameaux et 50 chevaux pour la cause de Dieu.
Par ailleurs, lorsque le prophète eut besoin d’agrandir la mosquée, ‘Othmân se présenta et racheta les terres avoisinantes pour une somme très élevée estimée à 15 000 Dirhams.
Chourâybil Ibn Mouslim raconta que ‘Othmân avait pour habitude de nourrir les gens à la manière des princes alors qu’il ne destinait à sa propre personne que du vinaigre et de l’huile.
Sa bonté était telle, qu’il s’était fixé une sorte de règle qu’il observa durant tout le restant de ses jours, celle consistant à libérer un esclave tous les vendredis et si il ne put le faire lors d’un vendredi faute de possibilité, il s’engageait à en libérer deux le vendredi suivant.
Quant à sa première action en tant que calife, elle fut d’augmenter de 100% les donations …
Le prophète disait de lui : « Tout prophète aura un compagnon au paradis, et mon compagnon au paradis sera ‘Othmân » ou encore « ‘Otmân est celui de mes compagnons dont le comportement ressemble le plus au mien ».

- La science de ‘Othmân :
Il fut réputé pour sa grande connaissance des arbres généalogiques des différents clans et tribus ainsi que des évènements historiques les plus importants concernant les Arabes.
Il fit de nombreux voyages pour des raisons liées au commerce et les contacts qu’il a pu nouer avec des hommes d’autres civilisations lui ont ouvert l’horizon et la compréhension du monde. Il fut aussi parmi les scribes de la révélation et était réputé pour sa très belle écriture.
Par ailleurs, ‘Othmân fut envoyé comme ambassadeur par le prophète notamment au Yémen où il fut connu comme étant le plus informé en matière de lois  et comme un parfait récitateur du Saint Coran, qu’il psalmodiait de mémoire avec beauté et justesse.
En outre, il transmit 146 Hâdiths du prophète. Il était un homme pudique et effacé qui ne discutait jamais de manière futile, il avait évité l’adultère, la fornication ainsi que le vol et ce, avant même de se convertir. Sa piété était exemplaire et il s’adonnait à de nombreuses prières surérogatoires et multipliait les jours de jeûnes. Aussi, il lui arrivait de réciter tout le Coran dans une seule prière ou dans une seule rak’a. Cette prière devint célèbre et reçut le nom d’ « Al Boutayra’ ».
Enfin, on rapporte qu’il était inscrit sur sa bague : « Je crois en Celui qui a crée et a donné à l’Homme la meilleure des formes » et Allah est plus Savant …

d) L’élection de ‘Othmân Ibn ‘Affân :
Juste après avoir été blessé, ‘Omar convoqua six personnes parmis les plus éminents compagnons du prophète en la personne de ‘Ali Ibn Abi Talib, ‘Othmân Ibn ‘Affân, ‘Abder Rahmân Ibn ‘Awf, Zoubâyr Ibn Al Awwâm et Sa’d Ibn Abi Waqqâs mais seul Talha Ibn ‘Oubâyd Allah fut absent car introuvable.
‘Omar décida alors de remettre le sort de son successeur aux choix de ces cinq hommes en leur accordant un délai de trois jours de délibération et à la condition qu’ils ne se séparent qu’une fois que le choix eut été fait.
‘Abder Rahmân Ibn ‘Awf fut chargé d’arbitrer et au terme des  jours de délibération se forma deux groupes, l’un en faveur de ‘Othmân et l’autre en faveur de ‘Ali. Alors ‘Abder Rahmân Ibn ‘Awf alla consulter tous les groupes de Musulmans, qu’ils soient jeunes ou vieux, ainsi que les voyageurs afin de pouvoir prendre acte de leur choix parmi ces deux illustres compagnons. Leur choix se porta en majorité sur ‘Othmân et ce fut donc ainsi qu’il fut élu et que tous les Musulmans lui firent acte d’allégeance.
L’élection de ‘Othmân eut lieu un lundi, veille de la fin du mois de Dhoul Hijja de l’an 23 de l’Hégire, et il prit ses fonctions au 1er mois de Mouharram de l’an 24 de l’Hégire. Il avait alors 68 ou 70 ans lorsqu’il fut élu. A ce propos, l’imâm Ahmed Ibn Hanbal avait dit qu’une telle unanimité dans l’élection de ‘Othmân ne fut jamais rencontrée tellement elle fut grande.

e) Les réalisations de ‘Othmân :

Parmi ses toutes premières initiatives en tant que calife, ‘Othmân convoqua ‘Oubâyd Allah, fils du défunt calife ‘Omar Ibn Al Khattab afin de le juger pour l’assassinat d’Al Hourmouzân alors chef militaire Persan qui avait été soupçonné d’avoir participé au complot visant la mort du calife. Cependant, il avait proclamé sa conversion à l’Islam et ‘Ali avait même conseillé de tuer ‘Oubâyd Allah mais ‘Othmân prit sur lui de payer le prix du sang d’Al Hourmouzân. En effet, certains compagnons dont ‘Amr Ibn Al ‘As l’en dissuadèrent en disant : « Ne le tue pas ! C’est ‘Omar que l’on a assassiné hier, et aujourd’hui on tuerai son fils ! ».
Par la suite ‘Othmân envoya une lettre aux dirigeants Musulmans en leur conseillant d’adopter une bienveillance toute particulière à l’égard des Musulmans, de respecter les traités conclus avec les ennemis et d’honorer la justice.
Néanmoins, la direction de l’état sous le califat de ‘Othmân débuta par des révoltes dans beaucoup de régions, aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest et ce fut comme si les Perses et les Byzantins se mirent d’accord pour encourager les soulèvements juste après la mort de ‘Omar qu’ils craignaient beaucoup.
A la même période, Byzance envoya ses navires de guerre en vue d’attaquer la ville d’Alexandrie ainsi que les cotes de Palestine. En outre, Yazgard, roi des Sassanides de Perse ne cessa d’harceler l’armée Musulmane. ‘Othmân envoya alors ses troupes pour rétablir le calme et confirmer l’autorité de l’état Islamique sur les régions déjà acquises et il ordonna la construction de navires de guerre.
Parallèlement à cela, le calife continua le travail de propagation de l’Islam commencé par ses prédécesseurs. Les Musulmans purent ainsi se rendre en Asie, en Inde et en Chine à l’est, jusqu’à s’approcher des portes de Constantinople vers l’ouest. Il incita également les Musulmans à propager l’Islam dans les contrées occidentales de l’Afrique et même jusqu’en Andalousie, au Soudan et dans certaines régions d’Ethiopie.
Durant l’an 29 de l’Hégire, eut lieu le soulèvement du Kurdistan et d’autres régions avoisinantes ainsi que certaines régions Perses Sassanides. Ce fut ‘Abd Allah Ibn ‘Amir alors âgé de 25 ans qui eut la charge de l’ouverture définitive de l’empire Perse, ce qui aboutit à la mort du dernier roi Sassanide du nom de Yazdgard.

L’Arménie fut ouverte à deux reprises, une fois sous le califat de ‘Omar en l’an 18 de l’Hégire, ainsi qu’une seconde fois sous le califat de ‘Othmân en l’an 26 et cela, eut égard aux nombreuses révoltes qui y eurent lieux ainsi qu’en Azerbaïdjan. L’objectif visé fut de protéger les frontières de l’Etat Islamique tout en s’approchant au maximum des frontières de l’ennemi et par là même, lui infliger une pression psychologique supplémentaire.
Par ailleurs, Mou’âwiyya, gouverneur du Châm, s’était fixé comme but d’attaquer Constantinople, capitale Byzantine. Aussi, il demanda l’autorisation à ‘Othmân d’attaquer l’empire Romain d’orient par la mer et l’accord lui fut donné en l’an 26-27 de l’Hégire après que ce dernier ai consulté les compagnons.

Cette volonté nouvelle nécessita de précipiter la construction supplémentaire de navires de guerre et de former une véritable flotte navale. Ce fut chose faite en l’an 28 de l’Hégire et cette flotte se composa ainsi de 1700 navires. Les Egyptiens et les Syriens furent appelés en renfort afin de pouvoir mettre en pratique l’expérience remarquable qu’ils avaient acquis dans la construction navale. 
L’île de Chypre (Qoubrous) fut ouverte en l’an 33 de l’Hégire[22]. En réaction, les Byzantins provoquèrent les Musulmans dans une batailles navale décisive que l’on appela « la bataille des colonnes » tant les mâts étaient nombreux. Elle eut lieu prêt des cotes d’Asie mineure en l’an 34 de l’Hégire.
Du coté des Musulmans, le commandement général fut remit à ‘Abd Allah Ibn Abi Sarh alors gouverneur d’Egypte tandis que le chef de l’armée Byzantine fut Constantin II fils de l’empereur Héraclius. Cette bataille se solda par une défaite cinglante des Byzantins et c’est à partir de cet instant que les Musulmans devinrent une puissance militaire sur terre et sur mer.

- L’Afrique et le Maghreb :

‘Othmân attribua de nouveau le commandement de l’armée Musulmane à ‘Abd Allah Ibn Abi Sarh dont l’armée dépassa Tripoli puis Barqa et continua jusqu’à Gabès (Tunisie) puis Soubaytila (Sbeïtla), théâtre d'une une bataille très importante contre l’armée de Gréagorius (Grégoire) qui fut mise en déroute alors qu’ils furent 100 000 hommes contre 20 000 Musulmans. Par après, l’opposition de certaines tribus berbères ne fut pas négligeable mais la persévérance Musulmane finit par stabiliser la région. Le calife ordonna ensuite de se diriger vers l’Andalousie et la campagne dite de « l’Ifriqya » se termina en l’an 29 de l’Hégire[23].

- L’assemblage du Coran :

En l’an 30 de l’Hégire[24], ‘Othmân Ibn ‘Affân décida d’unifier les Musulmans autour d’une seule façon de lire le Coran. En effet, le Saint livre de Dieu fut révélé avec plusieurs manière de le réciter en fonction des dialectes propres aux différentes tribus Arabes. A cet effet, le prophète disait : « Ce Coran a été révélé sur 7 lettres ».
Or, la plus grande partie du Coran fut révélée selon le dialecte de Qorâych qui offrait une meilleure compréhension. Cependant, la masse de nouveaux arrivants dans la communauté de l’Islam ne comprit pas cet facteur essentiel et pensait que la façon de le lire dépendait du compagnon qui transmettait la lecture. C’est donc pour cela que Houdâyfa Ibn Al Yamâm vint trouver ‘Othmân pour lui parler de la mauvaise compréhension de certains Musulmans quant aux différentes lectures, et ce, de peur de connaître les mêmes divergences que connurent les Juifs et les Chrétiens à propos de leur livre.
En conséquence, le calife dépêcha quelqu’un chez Hafsa qui conservait auprès d’elle l' exemplaire du précieux livre[25] afin de pouvoir le recopier et envoyer les copies dans toutes les régions. ‘Othmân Ibn ‘Affân précisa à cet effet qu'au cas où il y aurait des divergences quant à la façon de réciter le Livre, il fallait alors le réciter d’après le dialecte de Qorâych car c’était ainsi que le Coran fut révélé.
Il ordonna donc de bruler l’ensemble des feuillets qui contiendraient autre chose que le Coran qu’il venait d’assembler et qui fut accueilli favorablement par plus de 114 000 compagnons dont plusieurs Hâfithouns[26].
Seuls les disciples de ‘Abd Allah Ibn Mas’oud à Koufa ont refusé  de s’y référer, mais ce dernier avait pourtant confirmé que l’assemblage du Coran s’était fait avec son accord et celui de tout les compagnons. Il ajouta qu’il aurait certainement procéder de la même façon que ‘Othmân si'il avait eu pareil fardeau à gérer...
Le calife fit reproduire six copies du Saint Coran assemblées par la commission et qui furent envoyées au Châm, au Yémen, à Bahraïn, à Bassorah et Koufa puis, il conserva une copie auprès de lui.
Par ailleurs, en l’an 26 de l’Hégire, ‘Othman entreprit l’agrandissement de la mosquée du prophète ainsi que l’embelissement de son réseau urbain en agrandissant les différentes artères de la ville. Les travaux débutèrent en l’an 30 de l’Hégire et s’étalèrent sur des mois entiers. Toujours à la même année, il ordonna les travaux d’aménagement de la nouvelle ville portuaire connue sous le nom actuel de Djedda.

- La direction de l’Etat :

‘Othmân voulut mener une politique plus flexible et tolérante à l’égard du peuple, qu’il décida de consulter autant que possible pour forger ses décisions et à qui il accorda des libertés supplémentaires. Il aimait se montrer généreux avec ses proches parents ce qui pouvait le pousser à destituer certaines personnes de leur poste pour l’accorder à ses proches.
Il avait cependant gardé les différents services tels qu’ils avaient été établis par ‘Omar à l’exception du poste de secrétaire et conseiller personnel qu’il attribua à Marwân Ibn Hakam son cousin. ‘Othmân nomma les responsables de la police et des marchés, il destitua ‘Amr Ibn Al ‘As et le remplaça par son frère de lait ‘Abd Allah Ibn Abî Sarh, il destitua également Abou Moussa Al Ach’ari de sa fonction de gouverneur de Bassorah et nomma à sa place ‘Abd Allah Ibn Amir qui fut son cousin. Ces décisions furent motivées par certaines calomnies et autres plaintes d'habitants véhiculées à l'encontre de certains  de ces dirigeants. Aussi et ne sachant plus à qui se fier, ‘Othmân se renferma peu à peu et choisit donc de nommer, au détriment des compagnons, des hommes de sa famille en qui il avait grande confiance. Il est à noter que l’autorité fut également plus concentrée entre les mains des gouverneurs des principales régions, en effet, alors que du temps de ‘Omar,  l’autorité sur tout le Châm fut répartie entre les mains de quatre gouverneurs,  ce même territoire ne fut plus sous l’autorité que d’un seul en la personne de Mou’âwiya Ibn Abî Soufyân qui fut à son tour désigné.
Quant aux gouverneurs de Koufa, d’Egypte, de Bassorah qui furent parent de ‘Othmân, ils eurent la responsabilité de l’ensemble des régions acquises de l’Islam et c’est ainsi que toutes ses contrées finirent par être sous le commandement d’une seule et même famille : « Les Bânou Oumâyya[27] ».
Ces nominations étaient vues comme népotistes et avaient déclenché certaines critiques à l’encontre de ‘Othmân. C’est ainsi que les partisans de la Fitna essayaient de cultiver et de nourrir ce mouvement de contestation alors que tout le monde s’accordait à dire que la plus grande partie de son califat fut une réussite.

Sa politique financière fut également plus libérale, allégeant le contrôle de l’Etat, et permettant ainsi aux gens de disposer librement de leurs capitaux. Dans le même temps, il augmenta la valeur des dons de 10% et poursuivit ses efforts pour que les Musulmans puissent pleinement bénéficier des richesses de l’Etat. Cette bienveillance à l’égard de ses administrés a poussée certaines personnes à trop en profiter et à se constituer de véritables fortunes personnelles, surtout chez les gouverneurs.
Ainsi, les riches commençaient à exhiber leurs fortunes pendant que les plus pauvres faisaient part de leur mécontentement grandissant.
Aussi, ‘Othman sous-évalua l’effet politique de la libération des capitaux et les riches Qorâychites s’installèrent un peu partout dans les grandes villes Musulmanes alors que ‘Omar Ibn Al Khattab leur en avait interdit la possibilité.
De plus, il y eut certains gouverneurs Omeyyades qui adoptèrent une conduite irresponsable, surtout vers la fin du califat de ‘Othmân qui du subir bien malgré lui toutes sortes de critiques.
Parallèlement, les gens de Koufa jouèrent également un rôle dans cette crise, ils exhibèrent un certain goût pour la désobéissance et le désordre,  même au temps du califat de ‘Omar.
C’est alors qu’en Egypte, un certain ‘Abd Allah Ibn Saba’, juif du Yémen qui manifesta trompeusement sa conversion à l’Islam, se mit à semer la discorde au sein de la communauté en tentant par tous les moyens de soulever le peuple contre le calife ‘Othmân en vue de le destituer. Il vint à Médine et constata le mécontentement des Bânou Hachim qui jugeaient ‘Ali d'être plus à même d’assumer la responsabilité de calife.

Ibn Saba’ saisit donc l’occasion de faire preuve de toute sa ruse en commençant à prêcher l’amour de la famille du prophète à travers la personne de ‘Ali en affirmant qu’il était le seul légataire du prophète et que ‘Othmân devait être démis de ses fonctions.

Lorsque ‘Ali, le principal intéressé, fut informé de cette propagande, il montra son désaccord en voulant se venger d’Ibn Saba’ ce qui poussa ce dernier à fuir à Bassorah, puis en Egypte, accompagné de ses adeptes.
Devant cette situation de crise, ‘Othmân convoqua l’ensemble des gouverneurs pendant le pèlerinage qui se tint en l’an 34 de l’Hégire. Ils lui conseillèrent de réprimander les mécontents parmi le peuple, ce que refusa ‘Othmân qui préféra s’expliquer devant les Musulmans au sujet de ce dont on l’accusait.

En effet ‘Othmân fut accusé des faits suivants :
-  Avoir donné 1/5ème du butin d’Iriqya à son conseiller et cousin Marwân.
- Avoir innové en ajoutant un 3ème appel pour la prière du vendredi.
- L’exil d’Abou Dharr à  Al Ghifâri.
- Avoir laissé tomber la bague du prophète dans le puits de Aris.
- Avoir désigné ses proches parents à de hautes responsabilités de l’Etat comme Wâlid Ibn ‘Oqba qui était porté sur l'alcool.
- Ne pas s’être entouré des compagnons et s’être fier à ses proches.
- Prier à Mina quatre rak’a au lieu de deux.
‘Othmân fut même accusé de vol, or ni le vol et ni la corruption ne furent les faits du calife dont certains des détracteurs appartenaient à sa propre famille à l’image de Mohammed Ibn Houdhâyfa qui se vu refuser un poste de gouverneur.

Nous pouvons retenir deux accusations plus ou moins légitimes :
- La politique financière du calife.
- La gestion administrative de l’Etat que ‘Othmân confia à ses proches parents.

La réponse de ‘Othmân fut que le calife avait la liberté de décision et que du temps de ‘Omar, personne ne se risquait à discuter ses choix du fait qu’il fut ferme alors que lui a été doux et que les gens en ont profité.
Le prophète avait dit au sujet de ‘Othmân « celui là sera tué injustement » et aussi « ‘Othmân, tu seras tué après moi ! Je te recommande de ne pas combattre ceux qui portent atteinte à ta vie ! ».
‘Othmân Ibn ‘Affân avait naturellement connaissance de ce Hâdith, c’est pourquoi il n’opéra pas de grands changements et fut résolu et résigné à subir son destin.
En l’an 35 de l’Hégire, les révoltés entreprirent de marcher sur Médine et ils campèrent à quelques mètres de la ville, formant plus ou moins un millier de personnes par province. Certains d’entre eux se rendirent auprès de ‘Ali pour lui demander d’être leur chef, ce qu’il refusa.
Par ailleurs, ‘Othmân fit un discours en public dans lequel il reconnut ses erreurs, il fut tellement sincère qu’il pleura et fit pleurer toute l’assemblée et il s’engagea à ne plus écouter Marwân et ses hommes. Dans le même temps, ‘Ali alla à la rencontre des insurgés qu’il parvint à convaincre de se retirer, mais au moment où ils rebroussaient chemin, une mystérieuse lettre attribuée au calife ‘Othmân Ibn ‘Affân fut interceptée par les hommes d’Egypte. Elle ordonnait de tuer tout les chefs des insurgés une fois rentré chez eux.
Cet évènement provoqua leur retour à Médine  et le siège de la maison du calife durant quarante  jours bien qu’il certifia qu’il n’était pas l’auteur de la lettre. ‘Ali ordonna alors à ses fils Hâssân et Hussâyn de veiller sur la sécurité du calife. ‘Othmân quant à lui, refusa de donner l’ordre à ses soldats de combattre les insurgés et favorisait le dialogue.

f) La mort de ‘Othmân Ibn ‘Affân :
Les dissidents parvinrent alors à investir secrètement la chambre de ‘Othmân qui était en train de lire le Coran après avoir fait ses ablutions et prier deux rak’a. ‘Amr Ibn Al Hamiq assena alors neuf coups de poignard au calife qui, dans un dernier élan, fit l’attestation de foi et demanda l’aide d’Allah. Sa femme Nayla qui avait tenté de s’interposer contre les insurgés eut les doigts tranchés.
La mort de ‘Othmân survint le 18 du mois de Dhoul Hijja de l’an 35 de l’Hégire alors qu’il était âgé de 82 ans. Son corps fut laissé trois jours sans sépulture avant qu’on ne permette de l’enterrer sous la pression de ‘Ali et d’autres compagnons.
‘Othmân mourut injustement en refusant d’être la cause de la violence et de la division entre les Musulmans, il désira garder la notion de califat intact et cela, au prix de sa vie. Le jour de sa mort, il jeunait et la veille, il vit le prophète qui l’invitait à dîner en sa compagnie.
Le moushaf (Coran) taché de sang que le calife ‘Othman lisait avant qu’il ne fut poignardé est conservé au musée Top Kapi d’Istanbul[28].

4. ‘Ali Ibn Abî Talib  :
- Il est ‘Ali Ibn Abî Talib Ibn ‘Abd Al Mouttalib Ibn Hachim, cousin du prophète.
- Né le vendredi 13 du mois de Rajab en l’an 600 ap. J-C.
- Il avait 30 ans de moins que le prophète.
- Sa mère était Fatima Bint Asad Ibn Hâchim et fut la première Hachémite (descendante du prophète) à épouser un Hachémite et à en avoir eu des enfants.
- ‘Ali qui était issue d’une famille nombreuse fut prit en charge par le prophète et put ainsi grandir dans sa maison. Le prophète voulait par là alléger les dépenses de son oncle Abou Talib.
- Son surnom était entre autre Abou Tourab.

a) Ses traits physiques :
- Il était brun, de taille moyenne, et avait de grands yeux sur lesquels il appliquait du Khoul[29]. Sa barbe était blanche et abondante. Il avait un ventre important et saillant et sa tête était chauve avec des petites touffes de cheveux. Ses bras ainsi que ses mollets étaient forts et il marchait d’un pas rapide. Il était d’un naturel toujours souriant…
b) Ses épouses et ses enfants :
- ‘Ali épousa Fatima la fille du prophète en l’an 2 de l’Hégire, elle était alors âgée de 15 ans et demi et lui donna deux fils : Hassân et Housâyn ainsi qu’une fille prénommée Oumm Khoulthoum Al Koubra. Fatima mourut à l’âge de 29 ans et il resta monogame jusqu’à sa mort.
- Khawla qui lui donna Mohammed Al Akbar.
- Layla qui lui donna ‘Abd Allah et Abou Bakr.
- Oumm Al Bânin qui lui donna Al ‘Abbâs Al Akbar, ‘Othmân, Ja’far Al Akbar et ‘Abd Allah.
- Asma Bint Oumâys qui lui donna Yahya et Aoun.
- As Sahba’ qui lui donna ‘Omar Al Akbar et Rouqayya.
- Oumama qui lui donna Mohammed Al Awsat.
- Oumm Sa’id qui lui donna Oumm Al Hassân et Ramla Al Koubra.
- Oumm Hâni qui lui donna Mâymouna, Zâynab As Soughra, Ramla As Soughra, Oumm Khoulthoum As Soughra, Fatima, Oumama, Khadija, Oumm Al Kiram, Oumm Salama, Oumm Ja’far, Joumâna, Nafisa et une 13ème fille dont on n’a pas retenu le nom.
‘Ali Ibn Abî Talib eut alors 14 garçons et 19 filles soit 33 enfants d’après Ibn Sa’d et Allah est plus Savant.

c) Sa conversion à l’Islam :
Un jour, ‘Ali entra dans la maison du prophète alors qu’il priait. Perplexe, il interrogea le messager d’Allah sur ce qu’il venait de voir et ce dernier de lui répondre et de l’inviter à délaisser l’idolâtrie et de rejoindre sa religion. ‘Ali voulut alors en parler à son père Abou Talib avant de prendre toute décision en ce sens. Le lendemain, il fit part de sa conversion au prophète sans pour autant avoir consulté son père car l’appel à l’Islam était encore secret. Il est également important de préciser que ‘Ali ne s’était jamais prosterné devant une idole…

- Son émigration :
Avant d’émigrer, ‘Ali resta trois jours à la Mecque afin de pouvoir restituer aux propriétaires les dépôts qui avaient été confié au messager d’Allah. Il s’était auparavant drapé d’une cape verte pour leurrer les Qorâychites et permettre au prophète de s’en aller comme nous en avions fait mention dans le chapitre dédié à la vie du prophète.

- Les mérites de ‘Ali :
Malgré son jeune âge, ‘Ali a toujours assisté aux réunions secrètes qui se tenaient à la maison d’Al Arkam, aussi, il participa à toutes les batailles aux cotés du messager, lui qui fut un cavalier très habile de l’épée et d’un courage prodigieux.
Il se vit confier l’étendard blanc lors des deux batailles de Badr. Le prophète le choisit également pour sortir des rangs et répondre au défit lancé par Wâlid Ibn ‘Otba et dont il sortit vainqueur.
Lors de la bataille d’Ohod, ‘Ali s’illustra une fois de plus en tuant trois portes étendards et il fut blessé à seize reprises.
En l’an 5 de l’Hégire, ce fut la bataille du fossé (Al Khandaq) puis, il y eut la bataille de Khaybar au cours de laquelle ‘Ali eut le privilège de porter l’étendard. Le messager d’Allah lui confia par ailleurs de nombreuses missions militaires et ‘Ali fut l’un des rares à rester ferme à ses cotés lors de l’échec de la bataille de Hounâyn. Il était doté d’un esprit chevaleresque, guidé par la foi et il permit à beaucoup de gens d’embrasser l’Islam à l’image des membres de la tribu Yéménite de Hamadân.
Le prophète l’aimait beaucoup et lorsqu’il était en colère, personne n’osait s’approcher de lui excepté ‘Ali. Le messager d’Allah disait : « Celui qui insulte ‘Ali m’a en vérité insulté » et il avait même invoqué Allah en sa faveur en disant : «Seigneur !Sois l’allié et le tutélaire de celui qui s’allie à lui (à ‘Ali), et sois l’ennemi de celui qui s’oppose à lui ».
Par ailleurs, Abou Sa’îd Al Khoudri disait : « Nous avions coutumes d’identifier les Hypocrites à leur haine envers ‘Ali ».
Il est également opportun de savoir que ‘Ali passait ses nuits à prier et à réciter le Coran et  qu'il fut connu pour son ascétisme. En outre, il était doté d’une très grande éloquence et fut un excellent poète, c’est ainsi qu’il formula de nombreuses paroles sages qui sont restées dans l’Histoire. Nous en citerons quelques unes à titre d’exemple; il disait donc : « La science a plus de valeur que la richesse. C’est la science qui monte la garde pour te protéger tandis que c’est toi qui monte la garde pour protéger ta richesse ! La richesse diminue quand on la dépense, tandis que la science croît quand on la dépense ». Parmi les vers qu’il récita, il y eut « Par Dieu ! Certes l’Homme n’a de valeur que par sa foi, ne délaisse donc pas la piété en te fiant à ton lignage » et aussi lorsqu’il pleura la perte de son épouse Fatima « Une bien aimée par laquelle il n’y aura plus de bien aimée, à mon cœur nul n’aura plus droit ».

d) La science de ‘Ali :
‘Ali Ibn Abî Talib avait eu le privilège de recevoir son éducation de la personne même du prophète, son savoir fut abondant et il disposait d’une extraordinaire faculté de raisonnement.
On considérait ‘Ali comme le meilleur spécialiste en matière d’avis juridique et de justice. Le prophète le nomma juge du Yémen. Par ailleurs ‘Ali avait appris le Coran et le récitait à la manière du messager d’Allah. Il disait de lui-même « Il n’y a pas un seul verset dont je ne connaisse la raison pour laquelle il a été révélé, la cause et le lieu de sa révélation. En vérité, mon Seigneur m’a donné un cœur qui mémorise bien les choses et une langue qui s’exprime facilement » .
Nous comprenons ainsi combien ‘Ali Ibn Abî Talib fut empli de science, lui qui transmit 586 Hâdiths du prophète.

e) L’élection de ‘Ali Ibn Abî Talib :
Lorsque le calife ‘Othmân fut assassiné, ‘Ali n’était pas à Médine. Il revint en ville horrifié par la nouvelle qui l’avait beaucoup affecté. Les compagnons du prophète vinrent alors le trouver et lui demandèrent de succéder à ‘Othmân dans la direction de l’Etat, ce à quoi il manifesta son refus, préférant être un conseiller du futur calife. Mais devant leur insistance répétée, il finit par accepter à la condition que sa nomination se fasse à la mosquée devant tous les Musulmans.
‘Ali Ibn Abî Talib accéda au califat le vendredi 25 du mois de Dhoul Hijja de l’an 35 de l’Hégire. On lui fit serment d’allégeance, après quoi il monta sur la chair et prononça un discours. C’est ainsi que la nomination du nouveau calife se fit avec l’appui de toute la communauté y compris Talha et Zoubâyr Ibn Al ‘Awwâm.
Cependant, Mou’âwiya Ibn Abi Soufyân, gouverneur du Châm, avait consolidé son autorité sur sa région durant tout le califat de ‘Omar et de ‘Othmân jusqu’à devenir une autorité quasi-indépendante. Il exigeait, avant de prêter serment d'allégeance, qu'on lui  livre les assassins de 'Othmân dont il est un parent et que justice soit rendue mais ‘Ali exigeait de lui qu'il prête serment d'allégeance avant toute démarche en ce sens voulant s'assurer ainsi de garantir l'unité de la communauté... Pour répondre à l’attente des Musulmans, ‘Ali prit la décision de destituer certains gouverneurs dont Mou’âwiya Ibn  Abi Soufyân, ‘Abd Allah Ibn ‘Amir, Sa’id Ibn Al ‘As et Ya’lâ Ibn Mounabbih.
Il nomma donc Ibn ‘Abbâs au poste de gouverneur mais il refusa d’assumer cette fonction et ce fut donc Sahl Ibn Hânif qui eut cette responsabilité. Néanmoins, lorsqu’il atteignit Tabouk, il fut stoppé par des cavaliers lui interdisant d’aller plus loin. Amara Ibn Chihâb qui fut nommé à Koufa connut le même sort et fut arrêté par Toulayha Ibn Kouwâylid le sommant de regagner Médine. Par contre, ‘Othmân Ibn Hounâyf, Qays Ibn Sa’d Ibn ‘Oubâda et ‘OubâydAllah Ibn ‘Abbâs, respectivement nouveaux gouverneurs de Bassorah, d’Egypte et du Yémen eurent moins de difficultés à prendre leur poste bien que les deux premiers trouvèrent les gens divisés à leur sujet. Le calife‘Ali fut alors informé de cette situation et envoya une lettre à Mou’âwiya l’invitant ainsi à reconnaître son autorité ou à assumer les conséquences d’une guerre. Mou’âwiya resta trois mois sans répondre au calife puis il fit connaître sa réponse par des mots d’une grande brièveté « Bissmillâhir Rahmânir Rahim. De Mou’âwiya à ‘Ali. » (point final !).
‘Ali comprit alors que certains pouvaient le juger responsable de l’assasinat du calife ou de vouloir protéger ses assassins ce à quoi il clama son innocence complète, mais certains comploteurs continuaient de propager la rumeur et d'envenimer ainsi les tensions entre 'Ali et Mou'âwiya. En conséquence et après s’être assuré que Mou’âwiya ne changerait pas d’avis, le calife décida donc de lui livrer bataille en partant du principe de la légitimité de l’Etat et du souci de réaliser l’unité Musulmane autour du calife.

f) La bataille du Chameau :
Elle eut lieu le jeudi 20 du mois de Joumâda II de l’an 36 de l’Hégire. Le but des comploteurs était d’affaiblir  le régime Islamique de l’intérieur en espérant un retour en force des deux puissances déchues et pour parvenir à leur fin, ils prirent le parti d’appeler à la vengeance de l’assassinat de ‘Othmân. C’est alors que ‘Ali les mit au défit de lui désigner les assassins de ‘Othmân en attestant qu’il serait prêt à sévir contre eux mais ils furent incapables de lui donner la moindre indication. Parmi les comploteurs se trouvait tout de même des Musulmans sincères qui réclamaient légitimement que justice soit faite à l’image de Talha et Zoubâyr que nous avions déjà cité et également ‘Aicha, la mère des croyants. Talha et Zoubâyr se rendirent à la Mecque pour visiter les lieux saints et purent trouver ‘Aicha qu’ils persuadèrent de se joindre à eux et de partir pour la ville de Bassorah retrouver les Musulmans qui demandaient justice pour le sang de ‘Othmân.
Une armée de 3000 hommes quitta la Mecque et se dirigea vers Bassorah, lorsqu’elle passa à proximité du point d’eau d’Al Haw’ab, la mère des croyants se remémora une parole du prophète : « Plût à Dieu ! Si je savais contre laquelle d’entre vous aboieront les chiens du point d’eau d’Al Haw’ab ! ».
A cet instant précis, ‘Aicha voulut quitter l’armée mais Talha et Zoubâyr parvinrent à la convaincre de rester. Une fois arrivée prêt de Bassorah, l’armée voulut y pénétrer mais Ibn Hounâyf refusa de les laisser faire. Un dissident du nom de Houkaym Ibn Jabala ordonna qu’on harcèle les gens de Médine, ce qui précipita un début de confrontation.
‘Ali envoya alors une lettre à Talha, Zubâyr et ‘Aicha leur demandant de cesser en leur assurant qu’il ferait sont possible pour que tout rentre dans l’ordre. Ils réagirent positivement à cette demande et ce fut la naissance d’un nouvel espoir.
Cependant Ibn Saba’ ainsi que Khalid Ibn Mouljam lancèrent leurs agents qui déclenchèrent une attaque surprise en direction des deux armées de manière à ce que chacune d’elle pense que l’autre ait agie par traîtrise et que naisse l’esprit de vengeance.
‘Ali Ibn Abî Talib fut conscient de la manipulation qui se tramait et pria ‘Aicha de sortir des rangs et d'appeler au calme. Il rappela ensuite à Zoubâyr les propos que lui avait tenu le prophète : « …tu te battra contre lui (contre ‘Ali) et, ce jour là, tu seras injuste envers lui ».
A ces mots, Zoubâyr se souvint immédiatement de ces paroles et se retira donc mais ce fut sans compter l'intervention de ‘Amr Ibn Jourmouz qui lui décocha une flèche fatale. Quant à Talha, il trouvera la mort durant la bataille.
‘Aicha comprit alors l’existence et l’effectivité du complot et appela les Musulmans à cesser le combat en désignant les responsables par ces mots : « Ce sont les assassins de ‘Othmân ! ». C’est alors que les gens de Bassorah et de Médine accoururent pour la protéger. On rapporte à cet effet que plus de quarante personnes furent tuées autour du chameau qui portait son palanquin[30].
Le calife comprit que les combats ne cesseraient pas tant que le chameau serait debout et il ordonna qu’on l’exécute. Mohammed Ibn Abî Bakr se tenait prêt à recueillir le palanquin de ‘Aicha qu’il extirpa saine et sauve de la mêlée.
Le complot d’Ibn Saba’ eut des conséquences désastreuse : Il y eut 10 000 Musulmans de tués dans le camp de l’armée Mecquoise et 5000 du coté de l’armée du calife.
La bataille du chameau rendit les villes de Bassorah, de Koufa ainsi que toutes les provinces Musulmanes sous la tutelle du Calife excepté Mou’âwiya qui campa sur ses positions.

g) La bataille de Siffin :
Après de vaines négociations et au mois de Mouharram de l’an 37 de l’Hégire, l’armée de ‘Ali se confronta à celle du Châm à Siffin, une plaine au bord de l’Euphrate.
‘Ammar Ibn Yâsir, compagnon du prophète était du coté de ‘Ali et fut informé en son temps par le messager d’Allah qu’il sera tué par un groupe rebelle et injuste. Tout le monde avait connaissance de ce Hâdith, c’est pourquoi lorsque ‘Ammar fut effectivement tué, on observa un moment de panique du coté de l’armée de Mou’âwiya et  dont l’armée de ‘Ali tira profit.
On conseilla alors à Mu’âwiya de laisser le Coran juger entre eux du litige qui les opposait. Parmi les Musulmans, certains voulurent continuer à combattre et une plus grande majorité accepta la proposition.
Ce fut Abou Moussa Al Ach’ari qui fut désigné pour représenter le camp de ‘Ali dans les pourparlers et ‘Amr Ibn Al ‘As représenta le camp de Mou’âwiya.
Les arbitres se décidèrent à destituer les deux hommes de leur fonction respective et de laisser le peuple choisir un nouveau calife mais cette proposition finit par échouer.

h) La mort de ‘Ali Ibn Abî Talib :

Une des conséquences de la bataille de Siffin fut l’apparition du mouvement des Kharidjites (Les dissidents). A l’origine, ils étaient des alliés de ‘Ali et se rétractèrent après qu’il eut accepté l’arbitrage. Dans leur égarement, ils en vinrent même à le traiter de mécréant et finir par faire acte d’Allégeance à leur propre chef ‘Abd Allah Ibn Wahb Ar Râsibi. Ils se rendirent également coupables de meurtre envers des Musulmans et furent combattus et vaincus à Al Nahrawân par l’armée de ‘Ali en l’an 38 de l’Hégire.

Néanmoins, trois d’entre les Kharidjites s’associèrent pour assassiner le calife ‘Ali Ibn Abî Talib. En effet, ‘Abd Ar Rahmân Ibn Moujlam Al Mouradi, Bourak Ibn ‘Abd Allah et ‘Amr Ibn Bakr entreprirent d’attaquer le calife alors qu’il se rendait à la prière de l’aube. ‘Ali fut mortellement blessé le 17 du mois de Ramadan de l’an 41 de l’Hégire mais il put survivre jusqu’au 21 avant de finalement rendre l’âme. Quant aux deux individus chargés de l’assassinat de Mou’âwiya et de ‘Amr, ils faillirent dans leur mission et furent exécutés.

Juste avant sa mort, ‘Ali recommanda à son fils Hâssân de veiller à tuer son assassin sans pour autant le torturer. Après sa mort, les Musulmans voulurent prêter serment à Hâssân mais il se désista en faveur de Mu’âwiya et ce, pour mettre un terme définitif à la division et rétablir l’ordre. Mu’âwiya fut donc reconnu calife dans le mois de Rabi’ I de l’an 42 de l’Hégire mais seulement de manière effective. On appela cette année « l’année du consensus communautaire ».
Le califat de ‘Ali Ibn Abî Talib dura 4 ans, 9 mois et 1 jour…
Nous clôturerons ce chapitre en précisant que la période des quatre califes bien guidés a servie et sert présentement de référence en matière de pouvoir. L’essence même du pouvoir en Islam tient sa force des trois éléments primordiaux que constituent la piété, la justice et l’égalité. C’est à travers ces principes fondamentaux que fut instauré le principe de consultation, le système d’élection directe avec une liberté totale de choix du gouverneur de l’Etat, l’accord général de la communauté par le principe de l’acte d’allégeance ainsi que la prononciation d’un sermon à la mosquée contenant un plan de politique générale… Nous pouvons toutefois déplorer de nos jours, l’absence de telles méthodes au profit de procédés beaucoup moins équitables.


[1] Les guerres d’apostasie

[2] 633 après J-C
[3] Livre biographique concernant les grands personnages de l’Islam
[4] Allahest certes le plus capable
[5] Concertation
[6] Muhammad bin Jarīr bin Yazīd al-Imām abū Ja`far at-Tabarī, célèbre historien et exégète
[7] Médecin réputé des arabes
[8] Sayyidî Muhyiddîn, Abû Zakariyyâ, Yahyâ Ibn Sharaf Ibn Marrî Ibn Hasan Ibn Husayn Ibn Hizâm Ibn Muhammad Ibn Jumu`ah An-Nâwâwî, grand savant nottament connu pour ses livres « Riyadh As Salihin » et « Les 40 hâdiths de Nawâwi »
[9] Une esclave
[10] La 3ème étant celle du prophète , et la 2nd celle d’Abou Bakr
[11] 635 ap. J-C
[12] Selon At Tabari
[13] Un gouverneur
[14] Dispositifs administratifs pour chaque secteur
[15] Paiement des soldes et veiller au bien être des familles
[16] Impôt payé par les pubères non musulmans constituant une preuve matérielle de leur soumission à l’autorité de l’Etat Musulman et leur permettant de pratiquer librement leur religion et de vivre en sécurité
[17] Elles se montaient à 100 Dirhams lorsque l’enfant était sevré, puis à 200 Dirhams lorsque que l’enfant     gagnait en âge…
[18] 639 ap. J-C
[19] 644 ap JC
[20] L’homme aux deux lumières
[21] Mère de lait
[22] 654 ap. J-C
[23] 650 ap. J-C
[24] 651 ap. J-C
[25] Dont nous avions vu plus haut les modalités drastiques d’autenticité et de conservation
[26] Mémorisateurs du Coran
[27] Les Omeyyades
[28] Turquie
[29] Antimoine
[30] Chaise portée sur le dos d’un animal également appelée « Howdah »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

RECITATIONS CORAN