L'Homme qui délaisse la quête du savoir religieux est coupable d'un crime contre sa propre personne, il est à l'image de la feuille qui virvolte au gré des vents, ne sachant où prendre racine...



23 novembre 2010

* Histoire Des Sectes __________

Histoire De La Croyance Islamique,
Les Sectes



Mohammed Amân Al-Jâmî/ Edition Dar Al Muslim



SYNTHESE DU LIVRE  EN 6 PAGES :



Parmi les sectes ayant discuté les fondements religieux nous pouvons distinguer 2 courants sectaires :
- Les sectes qui discutent les fondements religieux et qui se réclament de l’Islam.
- Les sectes qui discutent les fondements religieux mais qui ne se réclament pas de l’Islam telles le Judaïsme, le Christianisme, l’athéisme matérialiste, le dualisme[1], le zoroastrisme[2], le sabéisme[3], l’indouisme, le bouddhisme, les zanaadiqahs[4], les philosophes…
Il faut pourtant savoir que la ‘Aqidah (le Dogme) était unifiée depuis les temps des compagnons du prophète jusqu’à l’époque du 7ème calife abbasside nommé Al Mamoun.
Nous analyserons donc à travers cette étude, les différents mouvements sectaires en Islam ainsi que l’histoire et les causes de leur émergence.

1. Les Khawaridjs (ou Al Harouriyyah) :
Ils constituent la première secte apparue chez les Musulmans à l’époque du califat de ‘Ali Ibn Abî Talib. Ils se sont réunis autour de la ville de Bassorah dans un endroit appelé Al Haroura d’où leur appellation.
Ils formaient alors 6000 combattants qui reprochèrent 3 principaux faits au calife ‘Ali :
- Avoir accepté le jugement des Hommes (l’arbitrage) dans ce qui est du ressort d’Allah : [Coran : S06 V57].
- Avoir combattu sans faire d’esclave ni s’emparer d'un butin de guerre.
- Ne pas avoir pris le titre d’ « Emir Al Mouminin » c’est donc qu’il est le prince des mécréants selon eux.
Ibnou ‘Abbâs eut l’occasion de répondre à leurs allégations par l’entremise du Coran et de la Sunna, et quelles réponses tranchantes il formula :
- Il réfuta leur première accusation en citant la Sourate 05 au verset 95 ainsi que la Sourate 04 au verset 35, Allah a donc fait du jugement des Hommes une Sunna préservée.
- Il réfuta ensuite la seconde accusation par une question : « Auriez vous pu faire de votre mère ‘Aicha une esclave avec qui vous vous seriez permis ce qui est permit avec d’autres ?Si oui, vous avez rejeté la foi et si vous dites qu’elle n’est pas notre mère, vous avez rejeté la foi S33 V06. Vous avez le choix entre deux égarements… ».
- Il réfuta enfin la troisième accusation en citant le célèbre Hâdith mentionnant que le prophète dut effacer  la mention « par le messager d’Allah » des clauses de la trêve qu’il conclut avec les polythéistes et la remplacer par « Mohammed Ibnou ‘Abdillah » après que ces derniers l’eurent contesté. Ainsi Ibn ‘Abbâs leur fit comprendre que le prophète n’avait pas cessé d’être le messager d’Allah simplement parce qu’il en avait effacé la mention.
A l’énoncé de ces vérités, Ibn ‘Abbâs affirma que 2000 d’entre les 6000 combattants Khawaridjs se repentirent et refusèrent le combat. Le reste d’entre eux prit le partie de se soulever contre l’Emir des Croyants et ils se coupèrent des Mouhâjirines et des Ansars.
Le principe de leur mouvement est de traiter de mécréant toute personne ayant commis un péché majeur. Selon eux, le fait de prendre les armes contre les dirigeants Musulmans est permis et ferait partie du commandement d’ordonner le bien et d’interdire le mal.

2. Les Chi’as (Les Chiites) :
Ils firent leur apparition vers la fin de la période des compagnons[5]. Ils manifestèrent un amour exagéré envers la personne de ‘Ali Ibn Abî Talib au point que certains d’entre eux n’hésitaient pas à le diviniser. ‘Ali les rappela maintes fois à la raison mais sans succès, il dut alors se résoudre à bruler vif un groupe d’entre eux.
Un Juif d’origine Yéménite, Ibn Saba’ fut le véritable instigateur de ce mouvement en alimentant le feu de la désunion. Il s’était trompeusement converti à l’Islam et prétendit être un défenseur d’Ahloul Bâyt. Il prêcha que ‘Ali était le successeur naturel du prophète et qu’un texte allait dans ce sens. Il invita à la croyance que ‘Ali reviendrait après sa mort, qu’il possédait une part de divinité et qu’il vivait dans les nuages mais aussi que le tonnerre était sa voix. Cette manipulation visait à affaiblir l’Islam et c’est pourtant bien de ces hérésies manifestes dont s’inspirent les chiites rawafidhs contemporains. 

3. Al Qadariyyah :
Elle fit également son apparition à la fin de la période des compagnons. Le principe de base de cette secte consiste en la négation de la prédestination (Al Qadar). Cet égarement fut prêché par un dénommé Ma’bad Al Jouhâni qui commença à y appeler dans la ville de Bassorah. En outre, il niait que Le Savoir d’Allah précède la création et que Ce Savoir est écrit à l’avance. Il affirmait alors qu’Allah ne connait les évènements qu’après qu’ils se soient produits et pense que l’Homme crée ses actions indépendamment de la volonté d’Allah.

A la base, Ma’bad Al Jouhâni tenait cette croyance de Abou Younous Al Asaawiri et créea une grande fitna. C’est d’ailleurs ce qui explique que le gouverneur de l’époque Al Hajjâj Ibn Youssouf  Ath Thaqafi le fit torturer sur ordre de ‘Abdoul Mâlik Ibn Marwân Al Oumawi en l’an 80 de l’Hégire.

4. Al Jabriyyah :
Nous pouvons dire à leur sujet qu’ils constituent en quelque sorte l’autre extrême de la secte d’Al Qadariyyah à qui ils sont parfois associés. En effet, de leur point de vue, l’Homme n’est pas libre de ses choix et subit absolument chaque événement, il est contraint de faire le bien ou le mal sans ne jamais pouvoir décider de lui-même.

5. Al Jahmiyyah :
On situe leur émergence aux alentours de l’année 200 de l’Hégire, après l’époque des compagnons. Ce fut Ja’d Ibnou Dirham qui fut à l’origine de cette mouvance et qui pensait qu’Allah ne prit pas Ibrahim pour ami et qu’Il ne parla pas à Moïse.
Ses déviances conduiront les savants et les tabi’ines de l’époque à l’excommunier et à l’éxiler. Le gouveneur Al Qasri l’exécuta en publique pour qu’il serve d’exemple à qui voudrait corrompre la croyance pur. Cependant, un homme du nom de Jahm Ibnou Safwaan hérita de cette croyance et réussit à la propager d’où la dénomination actuelle de cette secte.
Jahm reniait tout les Attributs d’Allah qui sont pourtant bien des Attributs de Perfection et il fut ainsi à la tête de la première secte à discuter les Attributs d’Allah.
Nous pouvons ajouter que Ja’d avait tiré cette croyance d’un dénommé Abaan Ibn Sam’aan qui lui-même l’avait tenu d’un certain Taalout Ibn Oukht Loubaid Al A’sam, le sorcier Juif qui avait ensorcelé le prophète.

6.  Al Mou’tazilah : 
Ils partagent certaines croyances avec la secte d’Al Jahmiyyah et connurent leurs prémices à l’époque de l’imâm Al Bassri. Le fondateur de cette mouvance égarée est un certain Wassil Ibnou ‘Ataa qui assista au cours de l’imâm Al Bassri. Il divergea avec son maître au sujet d’une question de croyance et finit par s’en écarter du verbe arabe « I’tâzâlâ », ce qui donna le nom de Mou’tazila.
Les Mou’tazilahs prétendent affirmer les Noms d’Allah alors qu’ils nient Ses Attributs. Ils affirment donc les Noms sans croire à leurs significations. Ils considèrent comme primordial de suivre les 5 principes qu’ils ont établis et au sujet desquels n’est descendue aucune preuve :

- Premier principe : "Le Tawhid" qui selon eux, implique de nier tout les Attributs d’Allah.
- Second principe : "Ordonner le bien et interdire le mal", même en s’attaquant aux compagnons et aux gouverneurs.
- Troisième principe : "Celui qui commet des péchés majeurs ne sort pas de la foi mais n’entre pas dans la mécréance", il est comme dans une position intermédiaire.
Or il n’existe pas de tel état dans la croyance, nous sommes croyants ou mécréants.

En effet, un Musulman qui commet un péché majeur est en faite un croyant dont la foi est défaillante est que l’on peut qualifier de « Fâssiq[6] » mais il reste dans le cercle de la foi.
Le prophète a dit : « Mon intercession est acquise aux gens de ma Oumma qui ont commis des péchés majeurs ». Cela implique donc bien que si une personne commettant un péché majeur devenait mécréante, elle ne pourrait alors plus bénéficier de l’intercession du Messager d’Allah.
- Quatrième principe : "La justice" qui nécessite d’adhérer à la croyance qu’Allah est tenu de faire le bien pour les Hommes et que le cas échéant, Il serait injuste.
Cela constitue en vérité, une insulte abominable qui ne nuit en rien au Tout Puissant. Allah fait ce qu’Il veut et Il est l’infiniment Juste.
- Cinquième principe :" l’Obligation pour Allah d’appliquer Sa promesse et Sa menace".
Or, en vérité, rien n’est obligatoire ni n’est imposé à Allah. Si notre Majestueux et Glorieux Seigneur applique Sa promesse de générosité envers Ses serviteurs pieux, c’est une grâce et un bienfait de sa part à leur encontre, et si Il décide de les punir, c’est par Sa Justice. Allah est Le Seul à pouvoir s’imposer une chose à Lui-même.

Ces croyances égarées ont engendré de grandes fitna au sein de la communauté qui combattait déjà les Jahmiyyah et leur déviation. Cependant, les Mu’tazilahs furent beaucoup plus influents que tout autre mouvement déviant car ils avaient réussis à imposer leurs hérésies au sein même du pouvoir en place représenté par le calife Al Mamoun  et ils constituaient de ce faite, une idéologie officielle.
Le calife en question imposa aux savants et au peuple l’affirmation que le Coran est crée. Il n’hésita pas à recourir à la torture comme ce fut le cas avec l’imâm Ahmed Ibn Hanbal qui dut endurer des souffrances terribles sans ne jamais céder aux pressions du pouvoir en place.  Les Mu’tazilahs argumentèrent selon la logique Grec et la philosophie pour appuyer leurs propos.

7. Al Kourramiyyahs :
Ils voulurent combattre les Mu’tazilahs en exagérant à l’opposé de leur dogme, affirmant ainsi qu’Allah serait semblable à Ses créatures, mais Allah est bien au dessus de ce qu’on Lui attribut, rien ne Lui ressemble, Il est l’Unique qui n’a point d’égal.  Cette secte a donc réfuté une fausseté par une autre fausseté plus abominable encore.

8. Al Qaraamitahs :
Elle est une ramification de la secte des chiites Rawafidhs apparue dans la ville de Koufa. Ils clamèrent que la Charî’a devait être entièrement réinterprétée et détournée de son sens apparent. A l’instar de toutes les autres sectes, elle ne créa que malheurs et troubles dans la communauté Musulmane.

 
10.  Les Moushâbbihas :
- 1er groupe de Moushâbihas :
Ils forment ceux dont la croyance consiste à attribuer à Dieu une forme et à le comparer à une créature telle un beau jeune homme. Allah est bien au dessus de toutes ces abominables divagations qui ne nuisent qu’à leurs auteurs. A notre époque, on ne dénombre aucun groupe qui appel à leurs égarements Al Hamdoullilâh.
- 2ème groupe de Moushâbbihas :
Ils forment quant à eux ceux dont la croyance consiste à comparer le Créateur à la créature mais qui en plus, confèrent à leurs chefs et leurs Shouyoukhs des Attributs Divins. Par exemple, ils pensent que leurs shouyoukhs connaissent le Ghayb[8] et font preuve d’une maitrise toute particulière de leurs pensées profondes en présence du Sheikh qui pourraient les entendre… Ces légendes sont l’apanage des enseignements des soufies contemporains qui pensent que leur guide spirituel a la connaissance de toute chose et le pouvoir sur toute chose, en particulier après sa mort. Les plus extrémistes d’entre eux peuvent aller jusqu’à croire en Al Houloul[9]  ou en Wahdatoul Woujoud. Le représentant de cette secte est un certain Mouhyid Din Ibn ‘Arabi At Taa’î et sa mécréance est insoutenablement laide.

11. La réforme du 12ème siècle :
Mohammed Ibn ‘Abdoul Wahhâb étudia avec son père le Sheikh ‘Abdul Wahhâb puis auprès de ‘Abdullah Ibn Ibrahim Ibn Sâyf qui reconnut en lui une rare intelligence. Après avoir étudié à Médine, d’où il reçut une Ijâza[10], il se rendit ensuite à Nassorah et continua d’étudier sous l’égide du Sheikh Al Majmou’i dont il apprit beaucoup. Bien sûr, les écrits d’Ibn Tâymiyyah et de son élève Ibnoul Qayyim l’influencèrent grandement dans son parcours. Par la suite, il décida de retourner dans le Najd à Hourâymilaa en vue de prêcher. Il dénonça les vœux, les offrandes, la crainte ainsi que l’espoir destinés à autre qu’Allah.

 A cette époque, ces pratiques étaient très répendues et la Da’wa du sheikh était devenue étrangère alors qu’il appelait au Tâwhîd. Au départ, même son père et son frère s’opposèrent à lui mais ils finirent par être convaincu de la justesse de son message.
Mohammed Ibn ‘Abdoul Wahhâb retourna dans sa ville natale d’Al ‘Ouyânah où il reçut le soutient de l’Emir. Il entreprit de couper certains arbres vénérés par les habitants ainsi que de détruire le dôme sur la tombe de Zâyd Ibnoul Khattab.
Par après, il fut expulsé d’Al’Ouyânah par ses détracteurs et partit pour Ad Dar’iyyah en l’an 1158. Le Sheikh alla chez ‘Abdur Rahmân Ibn Souwailim et y resta quelque temps. C’est là qu’il reçut le soutient de l’Emir de la ville en la personne de Mohammed Ibn Sou’oud après qu’il fut informé de l’importance du Tawhîd et de sa signification ainsi que de la nécessité de s’y attacher fermement.
Ainsi, Mohammed Ibn Sou’oud protégea de son sabre Mohammed Ibn ‘Abd Al Wahhâb et ils purent propager la Da’wa au point qu'un grand nombre de personnes revinrent à la vérité originelle. Ibn Mou’ammar regretta alors d’avoir expulsé le Sheikh et lui présenta ses excuses qu’il accepta.
Mohammed Ibn ‘Abd Al Wahhâb envoya par la suite des courriers aux dirigeants, émirs et juges de la région en les exhortant d’adhérer à la croyance véritable ce à quoi certains y répondirent favorablement et d’autres non.
Le Sheikh continua à enseigner et se mit à écrire des livres dont le célèbre « Kitâb At Tawhîd » dans lequel il évoque entre autre les pratiques déviantes relatives au culte des tombeaux et des saints ainsi que les innovateurs dans la religion.
Mohammed Ibn Sa’oud qui fit le Jihâd pour protéger la da’wa, mourut en l’an 1179 tandis que le Sheikh Mohammed Ibn ‘Abd Al Wahhâb rendit l’âme en 1206.

Nous pouvons recenser 2 types de Da’wa :

- Celle qui est issue de la pensée humaine et qui apporte une chose nouvelle pouvant être acceptée ou rejetée : Elle meurt alors avec son instigateur ou s’estompe avec le temps…

- Celle qui n’est pas issue de la pensée humaine et qui ne meurt pas avec celui qui y a appelé.

Un Hâdith nous informe que le prophète a dit : « Un groupe de ma Oumma sera toujours victorieux, sur la voie de la vérité jusqu’à ce que vienne l’Heure du Jour Dernier ».



[1] Lumière/ténèbres
[2] Adorateur du feu
[3] Adorateurs des astres
[4] Hérétiques
[5] Époque de ‘Ali
[6] Qui a violé la loi Islamique
[7] Né en 1263 dans la ville de Harran (Sud-est actuel de la Turquie), puis, suite à l'invasion des Mongols, il émigra à l'âge de six ans à Damas accompagné de son père. Il est un grand théologien et juriste, apparenté au madhhab hanbalite. Il meurt en 1328.
[8] L’invisible
[9] Croyance qu’Allah habite certaine de Ses créatures
[10] Permis d’enseigner

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